Séminaire « Gadges » 2017-2018
« Lire par morceaux : lecteurs et lectures de recueils et d’anthologies (16e-18e siècle) »
Blog su séminaire - Hypothèses
Les jeudis du Gadges
Voir la publication Recueillir, lire, inscrire. Recueils et anthologies à l’époque moderne, n° 17 de la revue Pratiques et formes littéraires issue du séminaire.
Responsables du séminaire :
Mathilde Bombart
Maxime Cartron
Michèle Rosellini
Secrétariat
Tél : 04 78 78 73 92
Mail : Frédérique Lozanorios
École doctorale
18, rue Chevreul
69362 LYON cedex 07
Tél : 04 78 78 74 69
ED 484 : 3LA, Lettres, Langues, Linguistique & Arts
http://3la.univ-lyon2.fr
Lieu : Université Jean Moulin, bâtiment Recherche, 18 rue Chevreul.
Les salles seront précisées début septembre.
Un résumé de chaque séance et des documents complémentaires sont disponibles sur le carnet de recherches "Hypothèses"
Longtemps méprisés pour la (supposée) paresse qu’on les soupçonne d’encourager, les recueils et anthologies développent un rapport singulier à la lecture et au lecteur. Par le rapprochement, les découpages, choix et mises en forme des textes qu’ils opèrent, ces pratiques de compilation induisent des manières de lire et des rapports aux livres et aux textes particuliers. Sollicité par l’alternance entre cohésion et fragmentation inhérente à ces ouvrages, le lecteur est mis en face d’un ensemble recomposé, doté d’une continuité chronologique ou narrative, ou encore d’une cohérence esthétique ou historique. Qu’elles résultent de choix explicites ou non, ces opérations de sélection, découpage, agencement, soulèvent la question des effets qu’elles ont sur l’appréhension des écrits qui y sont rassemblés. Mis ou remis en jeu dans le contexte que constituent le recueil et ses circuits de diffusion propres, le texte devient disponible à de nouveaux regards, de nouveaux emplois. Dans le cas où le recueil se constitue vis-à-vis de l’œuvre d’un auteur publié par ailleurs, la question se pose aussi du rapport de la lecture anthologique à celle de l’œuvre complète.
En étayant les analyses de la « rhétorique du lecteur » (lecture programmée et visée) par les informations disponibles sur les circulations et les utilisations de ces livres, éclairées par la connaissance des pratiques de lecture du temps (par exemple, les cahiers de lieux communs), le séminaire s’interrogera sur les modes de lecture que recueils et anthologies appellent, les types de lecteurs qu’ils construisent, et les usages de l’écrit qu’ils promeuvent ou permettent. On proposera trois axes principaux de réflexion, qui pourront se combiner entre eux :
1) Projets et prescriptions
recueils et anthologies se présentent souvent comme illustrations ou exemples d’un programme, d’un mouvement, d’un courant, esthétique et/ou idéologique. Quel est le rôle des préfaces et autres péritextes (dont les illustrations) dans l’orientation de la lecture ? Jusqu’à quel point cette programmation est-elle prescriptive ?
2) Énonciation et disposition
comment l’enchaînement entre les textes est-il agencé ? En quoi la construction de continuités ou de rapports tissés entre eux suppose-t-elle une conception particulière de la lecture et une volonté d’action sur le lecteur ? Quels détournements de sens le choix, la logique de représentativité et les coupures éventuelles effectuées dans les textes opèrent-ils ? À côté de ces phénomènes d’organisation, il faudra aussi s’interroger sur l’énonciation des recueils, qui supposent que la voix de chacun des textes rassemblés soit surplombée par celle, plus ou moins explicite, de l’ordonnateur de l’ensemble. On pourra aussi s’interroger sur la scénographie des anthologies et des recueils, espace théâtralisé visant l’inclusion du lecteur.
3) Publics et publication
pour qui et dans quels buts compile-t-on un recueil ou une anthologie ? À quelles occasions et dans quelles circonstances ? C’est la fonction donnée aux recueils et anthologies que l’on interrogera ici, en s’intéressant à leur inscription dans des logiques événementielles ou mémorielles : compiler pour marquer l’activité d’un groupe, pour garder ou construire l’archive d’un fait ou d’un phénomène. On prêtera en ce sens une attention particulière au devenir historiographique des recueils et anthologies, soit à leur capacité particulière à donner consistance aux phénomènes (le baroque littéraire avec Jean Rousset, par exemple) ou aux pratiques dont ils prétendent témoigner et dont, tels des « événements de papier », ils documentent surtout l’invention, par l’écrit et la littérature.
Dans la continuité du séminaire, une journée d’étude sera organisée au printemps 2018 autour du Recueil des plus belles pièces des Poètes français, tant anciens que modernes, avec l’histoire de leur vie, dit Recueil Barbin (1692), constitué par Fontenelle. Fréquemment réédité et commenté au XVIIIe siècle, ce recueil est considéré comme la première véritable anthologie de la poésie française. S’ouvrant sur Villon et s’achevant sur Benserade, il développe notamment un manifeste de la poésie galante. Il s’agira de réfléchir aux enjeux de cet objet rarement étudié pour lui-même, dont l’organisation vise à édifier un monument de la poésie française.
Documents à télécharger
- Programme séminaire recueils anthologies (Word – 21.1 kio)
- AfficheséminaireGadges (PDF – 353.4 kio)