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Astérion n° 26, 2022
« Entre politique et philosophie : l’édition des philosophes “classiques” en France au XIXe siècle »
Félix BARANCY (dir.)
Édité par ENS éditions
n° 26, 18 août 2022
Publié en ligne sur OpenEdition
ISSN électronique 1762-6110
DOI https://doi.org/10.4000/asterion.7827
Nous travaillons chaque jour, pour la plupart d’entre nous, à lire des textes de philosophes du passé. Pourtant, parce qu’il est constamment sous nos yeux, nous nous focalisons rarement sur le médium éditorial qui permet cette lecture. Or, loin d’avoir ce statut de « degré zéro de la réception », inoffensif et impartial, qu’on a parfois voulu lui attribuer, le travail d’édition philosophique semble de part en part traversé d’enjeux tant politiques que philosophiques. C’est particulièrement le cas au XIXe siècle, au moment où se développe en France, sous l’égide de Victor Cousin, l’histoire de la philosophie comme discipline autonome. Éditer un texte est alors à la fois un moyen de réactiver des traditions légitimant sa propre philosophie, de se constituer des ancêtres ou des ennemis. Mais les éditions sont aussi un lieu privilégié pour développer sa propre philosophie, dans les notes et les préfaces, sous l’autorité illustre des classiques que l’on édite. Enfin, certains philosophes explicitent qu’un tel travail est en lui-même philosophique, dans la mesure où éditer est un acte dont on peut attendre des bénéfices philosophiques. Les six études de ce dossier rendent compte de la diversité des usages et des mérites philosophiques des éditions de philosophes au XIXe siècle en France, en se focalisant sur six « classiques » : Montesquieu, Pascal, Buffier, Spinoza, Reid et Leibniz.
Ce numéro regroupe les actes d’une journée organisée le 17 juin 2021 par Félix BARANCY et à laquelle plusieurs membres de l’IHRIM avaient participé.

Astérion n°13, 2015/2
« La démocratie à l’épreuve du conflit »
Marie GOUPY et Sébastien ROMAN (dir.)
ENS éditions
n° 13, décembre 2015
Publié en ligne sur OpenEdition
ISSN électronique 1762-6110
Résumé
Poser la question de la place et de la valeur du conflit en démocratie n’est pas inédit. La philosophie politique au XXe siècle le fait déjà abondamment, tant pour contester le consensualisme de la démocratie délibérative, que pour interroger les limites du libéralisme sur la question des dangers que représentent les conflits radicaux, et proposer, de manière très diverse, une valorisation de l’agonistique.
Pour autant, de nombreux événements récents, notamment des mouvements sociaux contestataires, reposent cette question avec acuité. Est-ce à dire que l’on assiste à une intensification des conflits sociaux de nos jours, et ce pour le bien de nos démocraties ? Le conflit peut-il, de manière pertinente, servir de principe politique ?
Les contributions qui suivent ont la particularité d’interroger la conflictualité démocratique contemporaine soit directement, soit de manière plus large en la liant à des questions plus anciennes – révélant ainsi toute sa complexité.

Astérion n°14, 2016/1
« Penser les révolutions arabes »
ENS éditions
n° 14, juin 2016
Publié en ligne sur OpenEdition
ISSN électronique 1762-6110
Les révolutions arabes de 2011 constituent l’un des événements majeurs du début du XXIe siècle, et le point de départ de changements importants dans les discours des sciences humaines et sociales consacrés au monde arabe et à l’Islam. Mobilisant plusieurs disciplines et compétences, ce dossier interroge l’identité de ce processus, scrute le statut des acteurs ayant émergé lors du début des soulèvements, et propose quelques interprétations d’ordre historique, sociologique ou philosophique. Les auteurs montrent, chacun à partir de sa perspective et des outils scientifiques mis en œuvre, que ce processus rentre légitimement dans la catégorie moderne et universelle de la « révolution », et qu’il n’est pas possible de le rabattre sur des formes secondaires de la contestation telles que l’émeute, la sédition ou l’insurrection. Certes, toutes ces catégories sont à la base du processus, mais ce dernier les dépasse pour épouser des dynamiques qu’on a pu observer et étudier à propos des grandes révolutions, française, américaine, anglaise ou autre. La confiscation actuelle de ce processus par la logique de la dissidence religieuse ne remet pas en cause cet aspect, ni ne compromet son approche dans ce sens. C’est pour cette raison que le dossier se penche aussi sur le problème théologico-politique tel qu’il a pu émerger après 2011, et qu’il tente de faire ressortir la complexité des liens entre politique et religion dont l’un des points de rencontre se situe justement au niveau de la question de la dissidence et de la révolution.
Voir aussi la présentation de la revue

Astérion n°15, 2016/2
« Après la guerre »
Jean-Louis FOURNEL et Christian BIET (dir.)
ENS éditions
n° 15, décembre 2016
Publié en ligne sur OpenEdition
ISSN électronique 1762-6110
Ce dossier s’intéresse au moment qui suit le conflit, à ce que l’on nomme le plus souvent « l’après-guerre » et qui est toujours perçu comme moment problématique, comme un processus toujours inachevé dont on sait quand il commence mais jamais vraiment quand il s’achève. Voilà pourquoi nous avons préféré renvoyer par notre titre non pas à un objet défini et délimité par un substantif (« l’après-guerre »), mais justement à un questionnement lié à un moment sans frontières avérées, à une « qualité des temps », comme aurait dit Machiavel. Nous n’entendons pas en effet postuler d’emblée l’autonomie d’un champ d’étude (l’après-guerre) qui reste encore largement à définir et à circonscrire, en définitive, malgré la multiplication, depuis une vingtaine d’années, des travaux sur la culture de guerre, sur sa perpétuation et sur sa déprise au-delà de la fin du conflit. Il s’agira plutôt de s’interroger sur ce qui advient en un moment déterminé, à partir de cristallisations récurrentes nées de la guerre en considérant, sans s’arrêter aux seules problématiques de l’histoire « culturelle », les questions de la justice, des responsabilités, de l’indicibilité de certains phénomènes liés au conflit, de la mise en récit ou en scène du conflit passé, de l’oubli et de la mémoire.

Astérion n°16, 2017/1
« Traductions vers le latin au XVIe siècle »
Martine FURNO
ENS éditions
n° 16, juin 2017
Publié en ligne sur OpenEdition
ISSN électronique 1762-6110
Le XVIe siècle voit l’émergence des vernaculaires comme langues de pensée, et le maintien en parallèle du latin comme langue savante de communication et de réflexion. Ce double mouvement, l’un de conquête et l’autre de résistance, a souvent été étudié du point de vue du vernaculaire, pour en marquer la progression tant pour la structuration des langues que pour le terrain gagné sur le latin dans le domaine des textes de fiction autant que d’argumentation. Le petit dossier présenté ici, issu d’une journée d’études tenue à l’ENS de Lyon en novembre 2013, a cherché à interroger les faits avec le point de vue inverse, non dans une approche de supériorité ou de compétition qui envisagerait la place de la langue latine comme résistance à une regrettable déperdition, approche qui serait stérile et anhistorique, mais sous l’angle de l’impact progressif de cette montée des vernaculaires sur le latin, tout au long du siècle.

Astérion n°17, 2017/2
« De l’intérêt général »
Pierre CRÉTOIS et Stéphanie ROZA (dir.)
ENS éditions
n° 17, décembre 2017
Publié en ligne sur OpenEdition
ISSN électronique 1762-6110
La notion d’intérêt général est, aujourd’hui, autant un concept juridique qu’un topos rhétorique. Son usage, qui se généralise en France dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, est inséparable d’une ambiguïté constitutive : en effet, les débats autour de sa définition cristallisent, depuis l’époque des révolutions, les enjeux de la caractérisation moderne de l’État et de son droit. C’est pourquoi on ne peut s’étonner qu’elle ait été portée tant par des penseurs que l’on peut rattacher à la tradition libérale (Locke ou Hobbes, souvent associés aux prémisses du libéralisme), que par d’autres, davantage associés à la tradition égalitariste (Proudhon) ou républicaine (Rousseau, Léon Bourgeois). L’invocation de l’intérêt général correspond toujours à une prise de position particulière dans le champ politico-philosophique. Les articles du présent dossier s’efforcent de montrer que chacune des conceptualisations fortes de l’intérêt général, y compris critiques, implique une conception de l’homme et de ses droits, ainsi qu’un projet de société.

Astérion n°18, 2018/1
« Tetens et la philosophie transcendantale. Psychologie, philosophie transcendante et perfectibilité »
Jean-Paul PACCIONI (dir.)
ENS éditions
n° 18, juin 2018
Publié en ligne sur OpenEdition
ISSN électronique 1762-6110
L’histoire des idées est structurée par des choix téléologiques aveugles qu’il faut mettre en cause, en redonnant de la liberté à la pensée. Ainsi Johann Nikolaus Tetens (1736-1807) est totalement ignoré. Il joue pourtant un rôle central dans les débats philosophiques du XVIIIe siècle en Allemagne. Les textes présentés ici tentent de rendre visibles ses apports originaux, en nous libérant de nos fausses évidences. Tetens a discuté les premiers écrits de Kant et a influencé la Critique de la raison pure. En prenant position dans le débat concernant les forces de l’âme, il a tenté de montrer que l’âme a une parfaite spontanéité propre. Dans ce but, il s’écarte aussi bien du dogmatisme spéculatif que de la psychologie empirique. Il n’est donc pas seulement le « Locke allemand ». De plus, sa démonstration engage une réélaboration de la notion rousseauiste de perfectibilité. On peut alors considérer que Tetens a développé avant Kant le problème kantien de l’objectivité de la connaissance. La question est de déterminer comment il l’a posé et ce que cela nous apprend.
J.-P. PACCIONI est membre associé de l’IHRIM, PAST à l’ENS de Lyon.

Astérion n°19, 2018/2
« Spinoza : entre anthropologie et psychologie »
Pascal SÉVERAC (dir.)
ENS éditions
n° 19, novembre 2018
Publié en ligne sur OpenEdition
ISSN électronique 1762-6110
Quelle est cette nature humaine dont Spinoza parle partout et qu’il ne définit nulle part ? S’il est permis de dessiner les contours d’une anthropologie spinoziste, quelle psychologie peut-on alors en tirer ? Les réflexions que propose ce dossier ont été menées à la fois à l’intérieur de la philosophie spinoziste, comme pistes d’interprétation du système, mais aussi à l’extérieur de cette philosophie, comme questions sur l’usage qu’on peut en faire. Le dossier est constitué de six articles. Celui d’Ursula Renz interroge la pertinence, appliqué à Spinoza, d’un concept qui connaît actuellement un regain d’intérêt, celui de « forme de vie » ou « life-form », dans sa double dimension biologique et morale. Si l’on peut parler d’anthropologie chez Spinoza, il ne peut s’agir, comme le montre la contribution de Sophie Laveran, que d’une anthropologie à la fois « critique » et « pratique ». L’article de Pascal Sévérac appréhende quant à lui la question de l’anthropologie et de la psychologie chez Spinoza à travers le prisme de l’enfance. Raphaël Chappé confronte l’interprétation de François Zourabichvili avec celle d’Althusser, afin de comprendre comment tous deux posent le problème de la vie psychique, l’un à travers l’idée de forme, l’autre à travers celle de structure. On trouvera enfin dans les articles que proposent Julie Henry et Yves Clot des exemples vivants de ce que peut être un usage actuel de Spinoza, dans le champ de l’anthropologie et dans celui de la psychologie.
Pascal SÉVERAC est membre associé de l’IHRIM.

Astérion n°20, 2019/1
« Les dissonances du doux commerce »
Arnault SKORNICKI et Eva DEBRAY (dir.)
ENS éditions
n° 20, juillet 2019
Publié en ligne sur OpenEdition
ISSN électronique 1762-6110
Dans un célèbre petit volume, Les passions et les intérêts, l’économiste Albert O. Hirschman retrace la formation du lieu commun opposant commerce et violence à l’époque moderne. Se concentrant en particulier sur la manière dont Montesquieu et James Steuart se sont emparés du thème du « doux commerce » pour justifier le libre essor des activités marchandes en leur attribuant des vertus pacificatrices, il évoque également, plus rapidement, des versions « dissonantes » du thème. Ce dossier interdisciplinaire propose d’explorer plus spécifiquement ces versions, afin d’éprouver la plasticité de ce thème. Qu’il s’agisse de marchands, d’économistes, d’experts ou de philosophes, ce thème a donné lieu à diverses variantes et stratégies argumentatives dans de multiples contextes théoriques et politiques, notamment au moment de l’émergence de la société marchande aux XVIIe-XVIIIe siècles, lors de la révolution industrielle ou encore à l’avènement du capitalisme néolibéral au XXe siècle. Des mercantilistes à la rhétorique de l’Union européenne en passant par Rousseau, les Lumières écossaises, les industrialistes de la Restauration et la relecture hayékienne du doux commerce, ces contributions donnent ainsi à voir sur une longue durée la pluralité des usages de ce thème.

Astérion n°21, 2019
« Foucault à l’épreuve de la psychiatrie et de la psychanalyse »
Laurent DARTIGUES et Elisabetta BASSO (dir.)
ENS éditions
n° 21, décembre 2019
Publié en ligne sur OpenEdition
ISSN électronique 1762-6110
Le dossier a pour but d’interroger, à partir de Michel Foucault, le lien entre la réflexion épistémologique sur la santé mentale et l’historicité des savoirs qui la cernent. La contribution d’Elisabetta Basso s’appuie sur les manuscrits foucaldiens des années 1950 afin d’analyser le chantier à partir duquel le jeune Foucault inaugure une réflexion qui l’amènera à une mise en question radicale du bien-fondé des sciences humaines. Ugo Balzaretti discute le rapport de la psychanalyse à la biopolitique, qu’il approfondit à la lumière de l’archéologie de la psychanalyse que Foucault développe dans Naissance de la clinique et Les mots et les choses, mais aussi de la généalogie du pouvoir esquissée dans La volonté de savoir. L’article de Laurent Dartigues a pour objet la manière dont Foucault lit et utilise la psychanalyse, dont la présence ne concerne pas les seuls écrits des années 1950 et 1960, mais reste constante tout au long de l’œuvre du philosophe, avec un statut incertain et fluctuant. Aurélie Pfauwadel s’intéresse à un point d’achoppement qui concerne une des généalogies foucaldiennes de la psychanalyse, celle qui, dans les années 1970, met le freudisme du côté de la normalisation. Clotilde Leguil se concentre sur la pensée de Lacan, dont elle fait remarquer la dimension politique dans la mesure où elle promeut une conception anti-identitariste du sujet. Enfin, le dossier présente la transcription d’un inédit de Foucault sur la psychanalyse, où le philosophe entend mesurer l’apport de la psychanalyse à la compréhension de la maladie mentale.

Astérion n°21, 2019/2
« Foucault à l’épreuve de la psychiatrie et de la psychanalyse »
Laurent DARTIGUES et Elisabetta BASSO (dir.)
ENS éditions
n° 21, décembre 2020
Publié en ligne sur OpenEdition
ISSN électronique 1762-6110
Le dossier a pour but d’interroger, à partir de Michel Foucault, le lien entre la réflexion épistémologique sur la santé mentale et l’historicité des savoirs qui la cernent. La contribution d’Elisabetta Basso s’appuie sur les manuscrits foucaldiens des années 1950 afin d’analyser le chantier à partir duquel le jeune Foucault inaugure une réflexion qui l’amènera à une mise en question radicale du bien-fondé des sciences humaines. Ugo Balzaretti discute le rapport de la psychanalyse à la biopolitique, qu’il approfondit à la lumière de l’archéologie de la psychanalyse que Foucault développe dans Naissance de la clinique et Les mots et les choses, mais aussi de la généalogie du pouvoir esquissée dans La volonté de savoir. L’article de Laurent Dartigues a pour objet la manière dont Foucault lit et utilise la psychanalyse, dont la présence ne concerne pas les seuls écrits des années 1950 et 1960, mais reste constante tout au long de l’œuvre du philosophe, avec un statut incertain et fluctuant. Aurélie Pfauwadel s’intéresse à un point d’achoppement qui concerne une des généalogies foucaldiennes de la psychanalyse, celle qui, dans les années 1970, met le freudisme du côté de la normalisation. Clotilde Leguil se concentre sur la pensée de Lacan, dont elle fait remarquer la dimension politique dans la mesure où elle promeut une conception anti-identitariste du sujet. Enfin, le dossier présente la transcription d’un inédit de Foucault sur la psychanalyse, où le philosophe entend mesurer l’apport de la psychanalyse à la compréhension de la maladie mentale.

Astérion n°22, 2020/1
« Le Lien social »
Géraldine LEPAN (dir.)
ENS éditions
n° 22, 9 juillet 2020
Publié en ligne sur OpenEdition
ISSN électronique 1762-6110
L’objectif de cette publication est de clarifier les représentations, et de l’homme et de la société, qui se développent de l’Antiquité au siècle des Lumières. Létitia Mouze explore la notion politique de « lien » (desmos) chez Platon et détermine son rapport avec la philia (amitié) des citoyens entre eux, condition sine qua non de la cité. Mais dès lors que la philia n’est plus une évidence, comment composer et vivre le lien social ? Olivier Guerrier et Sylvia Giocanti s’attellent par deux biais différents à la question de la gestion des liens, publics et privés, chez Montaigne, lequel ne minore en rien la part de conflictualité inhérente au désir. Locke définit de façon classique le langage comme le lien commun de la société, mais il s’agit ici pour Éric Marquer de révéler la profonde unité entre la logique et l’analyse de la communication sociale. Éléonore Le Jallé s’intéresse au rapport entre la vertu naturelle de bienveillance et la vertu artificielle de justice, pour montrer que Hume, à la différence d’auteurs tels que Smith et Rawls, a su mettre en lumière les contradictions entre ce que recommande la bienveillance et ce que demande la justice. En partant des expériences de pensée au XVIIIe siècle, Christophe Martin montre que là où l’expérience de désocialisation vise à démontrer la naturalité du lien social, elle sert au contraire chez Rousseau à révéler les potentialités de la nature de l’homme que l’environnement artificiel de la société a « défigurée ». Chez ce même auteur, Géraldine Lepan met enfin en évidence les implications de la définition de l’homme comme être « relatif » : comment faire en sorte que les liens juridiques du contrat correspondent au développement des liens naturels et civils ?

Astérion n°23, 2020
« Matériaux du spinozisme »
Pierre-François MOREAU (dir.)
ENS éditions
n° 23, décembre 2020 (parution janvier 2021)
Publié en ligne sur OpenEdition
ISSN électronique 1762-6110
Spinoza cite peu ses prédécesseurs, mais la critique s’est attachée à montrer l’insertion de la pensée et de l’écriture spinozistes dans différentes traditions. Ce dossier analyse donc comment Spinoza remanie et réécrit ce qu’il trouve devant lui. Autrement dit, il s’agit de comprendre comment, pour lui, ces « héritages » sont en fait des matériaux à retravailler : comment le système spinoziste traite-t-il les questions du suicide, de l’expérience historique, de la toute-puissance divine et de la finitude humaine ? Ainsi, le problème du suicide oblige à penser la destruction de soi-même dans une philosophie qui analyse l’individu à partir d’un conatus qui paraît exclure toute possibilité de contradiction interne. De même, la réflexion politique de Spinoza, comme celle de Hobbes, s’appuie sur des exemples empruntés aux historiens latins, ce qui implique la constitution de modèles historiques. La toute-puissance divine est pensée par l’infléchissement de la catégorie de causalité, qui permet de donner un autre sens à l’infini et aux rapports entre essence divine et lois de la nature. La réflexion sur la finitude fonde une pensée de l’existence sur un contenu issu de l’expérience humaine la plus commune – ce qui permet de comprendre la signification de l’attention portée par Spinoza aux récits religieux : elle renvoie non seulement aux nécessités de la controverse sur l’Écriture, mais aussi au fait que ces récits alimentent sa méditation sur les formes de vie.

Atar-Gull o Una venganza africana y Una tía
dos piezas teatrales
Lucio V. MANSILLA
Édition d’Axel GASQUET
coll. « Letras y Pensamiento en el Bicentenario »
Buenos Aires, Eduvim
mars 2017, 236 p.
ISBN 978-987-699-279-4
Parmi l’œuvre étendue de l’écrivain argentin Lucio V. Mansilla (1831-1913), Atar-Gull o una venganza africana (1855) et Una Tía (1864) sont deux pièces dramatiques à peine mentionnées par ses biographes et par les spécialistes. Si la première a été souvent fugacement signalée par la critique, la seconde fut totalement ignorée et passé sous silence. Cet ouvrage vise à combler cette importante lacune éditoriale, mettant à disposition du public — pour la première fois depuis 1864 — ces deux pièces de théâtre du grand classique argentin. Une étude préliminaire approfondie introduit l’édition, rédigée par Axel Gasquet, mettant en place une interprétation critique indispensable pour la compréhension contemporaine de ces œuvres.

Au cœur de l’État.
Parlement(s) et cours souveraines sous l’Ancien Régime
Isabelle BRANCOURT (dir.)
coll. « Constitution de la modernité », n° 20
Paris, Classiques Garnier
17 juin 2020, 431 p.
Broché, ISBN 978-2-406-09783-9
Relié, ISBN 978-2-406-09784-6
9 mars 2020 : parution numérique
e-ISBN 978-2-406-09785-3
Cet ouvrage est issu du travail réalisé par le groupe Parlement(s) (IHRIM, IHD-Paris 2 et univ. de Montpellier).
Ces actes de séminaire international sont une partie des résultats d’un travail collectif de sept ans, de 2011 à 2018. Du Moyen Âge à la Révolution, les dix-huit chapitres envisagent leur objet, le(s) Parlement(s) de la France d’Ancien Régime, au sens large de ces termes, en une perspective résolument interdisciplinaire et évolutive. Sous l’angle institutionnel tout autant que culturel, les différentes faces et phases de ce cœur de l’État de la France ancienne se révèlent dans toute leur complexité, politique, philosophique, religieuse et sociologique. Autour des problématiques de la souveraineté, du pouvoir « absolu » et de sa remise en cause, du droit et du juste, ces cours se firent le creuset d’une modernité politique à la française.
En trois parties, les dix-huit chapitres de ces actes passent en revue cet objet complexe, du Moyen Âge à la Révolution, sous les angles divers des institutions autant que de la philosophie, du droit, de la religion ou de la société, pour en révéler le caractère de creuset d’une modernité politique.