Publications


    Pascal ou le défaut de la méthode. Lecture des « Pensées » selon leur ordre

    Laurent THIROUIN

    Paris, Honoré Champion
    coll. « Lumière classique »
    décembre 2015, 264 p.
    ISBN 9782745331236

    Voir aussi sa réédition augmentée de 2023 dans la collection Champion Classiques.

    Résumé

    Redoutable dialecticien, Pascal reste conscient de la faiblesse de tout argument, de l’insignifiance des énoncés, de la stérilité des méthodes. Il ne prétend pas, dans ses Pensées avoir rien dit d’inouï, mais avoir mieux placé la balle dont tout le monde joue, avoir inventé une disposition nouvelle. Il importe donc de s’interroger sur cette disposition, c’est-à-dire de considérer enfin comme essentielle l’étrange répartition en liasses que restituent aujourd’hui les éditions des Pensées. L’ordre de Pascal est à la fois une rhétorique singulière et un rapport original à la vérité. Mais l’examen doit être inductif et méticuleux. Quelle logique exacte préside à la répartition des pensées entre une liasse « vanité » et une liasse « misère » ? Comment la raison des effets marque-t-elle la grandeur de l’homme ? Pourquoi Pascal a-t-il disséminé les fragments traitant du divertissement, au lieu de les réunir dans le dossier qui semble consacré à la question ? Quelle espèce de transition désigne-t-il sous le titre « Transition de la connaissance de l’homme à Dieu » ? Telles sont les questions, et d’autres similaires, proposées à la réflexion dans ce volume. Le commentaire d’une pensée ne devrait plus s’envisager en dehors de sa situation dans le singulier dispositif que forment les liasses.

    Table des matières

    L’auteur

    Laurent THIROUIN est professeur de littérature française du XVIIe siècle à l’Université de Lyon et membre de l’IHRIM (UMR 5317). Ses travaux sont consacrés principalement à l’œuvre de Pascal (Le Hasard et les règles. Le modèle du jeu dans la pensée de Pascal, 1991 ; Pensées sur la justice, 2011), à l’augustinisme et à la vie intellectuelle dans le milieu de Port-Royal. Il a publié un choix d’Essais de morale de Pierre Nicole (1999) ; le Traité de la Comédie et autres pièces d’un procès du théâtre, Champion, 1998) et une étude synthétique sur la querelle de la moralité du théâtre (L’Aveuglement salutaire. Le réquisitoire contre le théâtre dans la France classique. H. Champion, 1997, rééd. 2007).


    Pensée et cliniques de l’identité.
    Descartes, Cervantès, Montaigne

    Tristan DAGRON

    coll. « Problèmes & controverses »
    Paris, Vrin
    4 avril 2019, 312 p.
    ISBN 978-2-7116-2867-4

    Ce livre prend pour objet des textes classiques de Descartes et de Montaigne qu’il propose d’appréhender à la lumière de l’expérience de soi qu’ils mettent en scène et à laquelle ils donnent une forme communicable et partageable. Il interroge ainsi, à partir d’expériences singulières, mais typiques, de désorganisation identitaire, quelques enjeux de l’activité de pensée et d’écriture, c’est-à-dire du travail d’élaboration, permettant de transformer en œuvres de culture le potentiel traumatique de ces épisodes critiques. Il aborde de ce point de vue l’attention particulière que Descartes et Montaigne accordent tous deux aux pensées et au sentiment d’étrangeté qu’elles produisent, mais également à l’activité de pensée elle-même, mise en demeure de les prendre en charge. Il n’est pas impossible d’appréhender la « conception moderne de la subjectivité » sous l’angle de ces expériences de précarisation psychique, d’isolement et de marginalisation sociale.

    Tristan DAGRON, agrégé et docteur en philosophie, est directeur de recherches au CNRS à l’IHRIM. Il est également psychanalyste et docteur en psychologie clinique.


    Pensées du corps et différences des sexes à l’époque moderne.
    Descartes, Cureau de la Chambre, Poulain de la Barre et Malebranche

    Marie-Frédérique PELLEGRIN

    coll. « La croisée des chemins »
    Lyon, ENS éditions
    15 octobre 2020, 450 p.
    ISBN 979-10-362-0246-9
    Version électronique disponible sur OpenEditions Books

    Souvent éludée par l’histoire de la philosophie, la question philosophique et médicale de la différence des sexes est fondamentale à l’époque moderne. Les modèles pour penser cette différence proviennent essentiellement de deux anthropologies opposées : celle de Descartes et celle de Cureau de la Chambre. Leurs sciences de l’être humain examinent tout d’abord les interactions entre corps et esprit, mais elles mettent surtout en valeur les pensées propres du corps par le biais de l’imagination. C’est à même le corps que se décide si femmes et hommes sont égaux. Les lectures critiques de ces deux modèles proposées d’un côté par Malebranche et de l’autre par Poulain de la Barre confirment que le xviie siècle constitue un tournant dans l’analyse psycho-physiologique et morale. La confrontation de ces quatre philosophes permet de comprendre comment se sont constituées des lignées théoriques sur sexe et genre qui sont toujours actuelles : celle de l’égalitarisme et celle d’un différencialisme qui peut être inégalitaire ou égalitaire.


    Performances at Court in the Age of Shakespeare

    Sophie CHIARI & John MUCCIOLO (dir.)

    Cambridge, Cambridge University Press
    28 octobre 2019, 292 p.
    ISBN 9781108486675

    Even though Shakespeare openly dramatizes aristocratic shows in his own plays, the circumstances of early modern performance at court have received relatively little critical attention. With so much written on the playwright’s wide and multi-layered audiences, the entertainment of the court itself has too long been dismissed as a secondary issue. This book aims to shed fresh light on the multiple aspects of Shakespearean performances at the Elizabethan and early Stuart courts, considering all forms of drama, music, dance and other entertainment. Taking the specific scenic environment and material conditions of early modern performance into account, the chapters examine both real and dramatized court shows in order to break ground for new avenues of thought. The volume considers how early modern court shows shaped dramatic writing and what they tell us of the aesthetics and politics of the Tudor and Stuart regimes.

    • Introduces and analyses specific dimensions of performances at court in the early modern period, including music, dance, architecture, painted cloths and shows within
    • Offers recent and innovative research on aristocratic entertainment in Shakespeare’s time from literary, historical, cultural and political perspectives
    • Features chapters on Shakespeare’s predecessors as well as his contemporaries, with a special focus on Ben Jonson

    Sophie CHIARI is Professor of Early Modern Studies at Clermont Auvergne University, France. She is the author of several monographs on Elizabethan drama, including Shakespeare’s Representation of Weather, Climate, and Environment : The Early Modern‘FatedSky’ (2019).
    John MUCCIOLO, PhD, is an independent scholar and founding editor, with W. R. Elton, of The Shakespearean International Yearbook. He is particularly interested in Shakespeare’s late playsand early modern political, intellectual, and theatrical backgrounds


    Perspectives facétieuses et esprit de connivence dans la première modernité

    Dominique BERTRAND

    coll. « Rencontres » n° 502, série « Colloques, congrès et conférences sur la Renaissance européenne »
    Paris, Classiques Garnier
    21 juillet 2021, 319 p.
    ISBN 978-2-406-11086-6
    DOI 10.48611/isbn.978-2-406-11086-6

    Ce volume analyse les perspectives principales qui sous-tendent les stratégies de connivence propres à l’âge d’or facétieux de la première modernité, du XVIᵉ au XVIIIᵉ siècle : configurations littéraires d’un rire élitaire, discours pragmatiques voilant une satire incisive et dispositifs rusés d’émancipation intellectuelle.

    Suite de Rencontres facétieuses entre France et Italie dans la même collection Rencontres par Dominique BERTRAND.


    Perspectives on Science vol. 29, n°3, mai-juin 2021
    Logic and Methodology in the Early Modern Period

    Élodie CASSAN (dir.)

    Revue publiée en accès libre par MIT Press Direct
    e-ISSN 1530-9274
    ISSN 1063-6145

    Ce volume contient des contributions de Roger ARIEW, de Sorana CORNEANU, de Rodolfo GARAU et Élodie CASSAN.

    In this issue, our main concern is : why did early modern philosophers devote so much attention to logic in the construction of their systems of knowledge despite a widespread rhetoric of the rejection and rupture with the logical tradition ? What kind of change and continuity in the understanding of the role of logic does this reflect ? What does this gesture tell us about the building of the philosophical discourse ?
    The first two papers of this volume deal with two essential figures of early modern philosophy, namely Francis Baconand René Descartes, whose names frequently come together in the framework of the traditional historiography of the period, hailed as two “Founding Fathers” of philosophical modernity. Is there such thing as a “Baconian logic” ? Is Cartesian logic fully defined by a break with traditional scholastic logic ? At stake in these two questions is the project to show that however new early modern philosophy may have been, it did not arise in a virgin land, immune from historical determination, but owes its novelty to its reworking of traditional materials. We claim that the field of logic is particularly representative of this phenomenon. More precisely put, we explore the part played by the early moderns reshaping of logic in the perspective on their invention of early modern philosophy. We contend that a philosophical history of logic is instrumental in the making of a history of early modern philosophy that is not reduced to the listing of its authors, but is characterized by its themes, concepts and problems.
    The last two papers illustrate this reading strategy by focusing on an important case study. They are dedicated to the empiricist philosophy of Pierre Gassendi, who is incrementally coming to the foreground, after having spent too long behind the scenes of early modernscholarship. Both papers emphasize the dialectical relation entertained by Gassendi with the history of logic of his time.
    In the end, our conclusions are two fold. Firstly, a study of the early moderns’ reshaping of logic provides a tool for a better understanding of their philosophical move. Second, a new understanding of the part played by logic in the building of early modern philosophy significantly contributes to current debates about the rise of seventeenth century science and about the formation of the modern concept of human being.


    Phénoménologie et marxisme.
    Perspectives historiques et legs théoriques

    Matteo Vincenzo d’ALFONSO et Pierre-François MOREAU (dir.)

    coll « La Croisée des chemins »
    Lyon, ENS de Lyon
    11 février 2021, 264 p.
    ISBN 979-10-362-0288-9

    Les rapports entre marxisme et phénoménologie ont constitué un axe fondamental du débat culturel européen, dans les années 1960 et 1970. Dans la France de l’après-guerre, Sartre et Merleau-Ponty faisaient déjà référence, sur le plan de la fondation théorique, à la tradition phénoménologique de Husserl et de Heidegger, et sur le plan de l’engagement civil, au marxisme. Trần Đức Thảo, élève de Merleau-Ponty, mettra en place dès 1951 une première synthèse de ces deux paradigmes dans son Phénoménologie et matérialisme dialectique. Onze années après, Jean-Toussaint Desanti reviendra sur l’exigence d’une convergence entre phénoménologie et marxisme. En Italie, puis en Allemagne, d’autres tentatives vont émerger. Ce volume a pour ambition de proposer une synthèse sur le sujet. Il vise également à promouvoir une première réflexion historique sur le courant philosophique qui, pendant au moins deux décennies, a occupé la scène intellectuelle, et à évaluer son héritage dans le débat contemporain.


    Philosophie et libre pensée.
    Philosophy and Free Thought

    Lorenzo BIANCHI, Nicole GENGOUX et Gianni PAGANINI (textes réunis par)

    coll. « Libre pensée et littérature clandestine »
    Paris, Honoré Champion
    27 février 2017, 582 p.
    ISBN 9782745331380

    Textes réunis par Lorenzo Bianchi, Nicole Gengoux et Gianni Paganini
    Dans ce recueil d’études, il s’agit de reconnaître l’apport de la libre pensée à l’évolution des idées et de mettre les grands penseurs en dialogue avec le contexte historique qui fut le leur. Les auteurs mettent remarquablement en évidence l’importance des arguments de la pensée critique et de la libre pensée à l’âge classique.

    À l’origine de ce recueil, un double colloque international, l’un à Lyon, l’autre à Naples, a réuni des spécialistes de philosophes du XVIIe siècle et du XVIIIe siècle pour traiter de l’apport des courants dits « libertins » et, plus largement, de la libre pensée à ceux qu’une historiographie traditionnelle, mais encore vivace, reconnaît comme seuls « philosophes » : Hobbes, Descartes, Spinoza, Pascal, Bayle, Leibniz, Kant… Il s’agit donc, d’une part, de reconnaître l’apport de la libre pensée à l’évolution des idées et, d’autre part, de mettre les grands penseurs en dialogue avec le contexte historique qui fut le leur.

    L’ensemble des interventions met remarquablement en évidence l’importance des arguments de la pensée critique et de la libre pensée à l’âge classique, qu’ils soient acceptés, refusés ou réutilisés, tout en montrant la complexité d’une époque où, malgré la censure régnante, les idées progressent à travers et grâce à un dialogue constant, qu’il soit paisible ou conflictuel, entre les penseurs plus ou moins religieux.

    Lorenzo Bianchi est professeur d’histoire de la philosophie à l’université de Naples « L’Orientale ». Spécialiste de Bayle et Montesquieu, il est l’auteur de Tradizione libertina e critica storica (Milan, 1988) et de Rinascimento e libertinismo (Naples, 1996). Il a coordonné la parution de nombreux volumes ; parmi les plus récents : L’umanesimo scientifico dal Rinascimento all’Illuminismo (en collaboration avec G. Paganini, Naples 2010), Critica e ragione/Critique et raison (en collaboration avec A. Postigliola, Naples, 2011), Montesquieu et les philosophies de l’histoire au XVIIIe siècle (en collaboration avec R. Minuti, Naples, 2013).

    Nicole Gengoux, agrégée et docteur en philosophie, mène ses recherches dans le cadre de l’IHRIM (UMR 5617) sur le libertinage, l’incrédulité et l’athéisme au XVIIe siècle. Elle a publié chez Honoré Champion : Un athéisme philosophique à l’âge classique, le Theophrastus redivivus, 1659, en 2 volumes, (monographie), 2014 ; Entre la Renaissance et l’Age classique, le Theophrastus redivivus, 1659, (colloque, puis édition du recueil), 2014 ; Une lecture philosophique de Cyrano : Gassendi, Descartes et Campanella, trois moments du matérialisme (2015) (monographie).

    Gianni Paganini est professeur d’histoire de la philosophie à l’Université du Piémont (Vercelli), membre du Centre de recherche de l’Accademia dei Lincei (Rome) et résident de l’IEA (Paris). Il est spécialiste de la philosophie du XVIIe et XVIIIe siècle (en particulier du Theophrastus redivivus qu’il a édité en 1981 avec Guido Canziani), mais il s’est occupé aussi de philosophie contemporaine (notamment de la philosophie française du XXe siècle). Il a obtenu le Prix La Bruyère de l’Académie Française en 2009 pour son livre Skepsis (Paris, Vrin, 2008) et le prix pour la philosophie de l’Accademia dei Lincei en 2011.


    Philosophie et scepticisme de Montaigne à Hume. Mélanges en l’honneur de Gianni Paganini

    Antony MCKENNA et Gianluca MORI (dir.)

    Sous la direction d’Antony MCKENNA et Gianluca MORI
    coll. « Libre pensée et littérature clandestine », n° 84
    Paris, Honoré Champion
    26 juin 2023, 594 p.
    ISBN 9782745359513

    Les essais rassemblés dans ce volume se déploient sur une constellation de thèmes et d’auteurs très proches de ceux étudiés par Gianni Paganini, en témoignant de la vivacité du débat actuel sur ces mêmes questions qu’il a eu le mérite de poser parmi les premiers : la centralité du scepticisme philosophique à l’âge moderne, le lien entre la philosophie moderne et la philosophie de la Renaissance, l’importance des sources continentales pour la pensée britannique, les relations cachées entre la pensée clandestine et la grande tradition de la philosophie occidentale, de Descartes à Spinoza, jusqu’à Hume et aux Lumières. Ce volume constitue ainsi un hommage digne des travaux d’un chercheur qui a toujours su allier la profondeur de l’analyse philosophique à la maîtrise historique des courants de pensée et des auteurs – les grands et les minores – qui y ont trouvé leur terrain d’élection.

    Antony MCKENNA est professeur émérite de l’université Jean Monnet Saint-Etienne, membre de l’équipe de recherche IHRIM (CNRS UMR 5317).

    Gianluca MORI est professeur d’histoire de la philosophie à l’université du Piémont Oriental.


    Physics and Metaphysics in Descartes and in his Reception

    Delphine ANTOINE-MAHUT etSophie ROUX (dir.)

    coll. « Routledge Studies in Seventeenth-Century Philosophy »
    Milton Park, Abingdon, Routledge (UK)
    27 septembre 2018, 292 p.
    ISBN 978-1-13-835144-8

    This volume explores the relationship between physics and metaphysics in Descartes’ philosophy. According to the standard account, Descartes modified the objects of metaphysics and physics and inverted the order in which these two disciplines were traditionally studied. This book challenges the standard account in which Descartes prioritizes metaphysics over physics. It does so by taking into consideration the historical reception of Descartes and the ways in which Descartes himself reacted to these receptions in his own lifetime. The book stresses the diversity of these receptions by taking into account not only Cartesianisms but also anti-Cartesianisms, and by showing how they retroactively highlighted different aspects of Descartes’ works and theoretical choices. The historical aspect of the volume is unique in that it not only analyzes different constructions of Descartes that emerged in the 18th, 19th and 20th centuries, but also reflects on how his work was first read by philosophers across Europe. Taken together, the essays in this volume offer a fresh and up-to-date contribution to this important debate in early modern philosophy.


    Pièces en vers, chansons et cantiques

    Gabriel-Charles de LATTAIGNANT

    Édition de Pierre SABY
    coll. « Lire le dix-huitième siècle », n° 73
    Paris, Classiques Garnier
    6 mars 2019, 354 p.
    ISBN 978-2-406-08031-2

    Poésies fugitives et légères d’un côté, poésie sérieuse et méditation spirituelle de l’autre, constituent les deux pôles de la production littéraire et chansonnière de l’abbé Gabriel Charles de Lattaignant. Il passa de l’un à l’autre de ces domaines au long de sa vie, d’abord mondaine, puis recluse.


    Pierre Bayle. Les paradoxes politiques

    Olivier ABEL

    coll. « Le bien commun »
    Michalon, Paris
    23 février 2017, 128 p.
    ISBN : 978-2-84186-822-3

    4e de couverture

    La pensée et l’œuvre de Pierre Bayle (1647-1706) forment une énigme, depuis toujours objet d’un conflit des interprétations. En butte aux persécutions qui précédèrent la révocation de l’édit de Nantes, il préféra l’exil à Rotterdam. Sa revue les Nouvelles de la République des lettres constitua une des premières formes de l’espace public européen, et on a pu dire de son fascinant Dictionnaire historique et critique (1696) qu’il constitua la matrice des Lumières. Dans son Commentaire philosophique, où il fait l’apologie de la tolérance, il critique l’oppression religieuse de « la France toute catholique ». Mais dans son Avis aux Réfugiés, il fustige toute sédition religieuse des protestants réfugiés. L’intrication de ces deux lignes, qui remontent de Hobbes et Machiavel, d’une part, et d’autre part de Milton et Bodin, jusque chez Calvin, aide à comprendre les paradoxes politiques, et politico-théologiques, fondateurs d’une modernité aujourd’hui en crise. En cherchant à penser ces « différends », Bayle invente un style d’écriture pluraliste, délinéarisée, qui correspond au caractère oblique de son plaidoyer pour la sincérité de l’autre.

    Table des matières

    Introduction 7
    Chapitre I L’exil et le royaume 19
    Chapitre II Le grand écart 41
    Chapitre III Les différends fondateurs 71
    Attraper le geste et continuer 105

    Olivier ABEL est professeur de philosophie étthique à l’institut protestant de Montpellier et membre de l’IHRIM.


    Pieter Bruegel. Le Tableau ou la sphère infinie.
    Pour une réforme théologico-politique de l’entendement

    Laurent BOVE

    coll. « Matière étrangère »
    Paris, Vrin
    3 septembre 2019, 328 p.
    ISBN 978-2-7116-2881-0

    Ce que Bruegel peint, ce que la peinture pense, tel est l’objet du livre. L’œuvre de Bruegel nous convie à aller de la plus grande gratuité du rire et du jeu à la plus sérieuse des méditations philosophiques que le jeu pictural de la forme et de la couleur puisse envelopper. Avec le corps de la multitude des enfants-qui-jouent, des paysans-qui-dansent, de ses monstres grimaçants et souriants … avec le corps de la peinture comme avec notre propre corps affecté par la force majeure de ses créations, le peintre invite l’observateur à une singulière expérimentation : celle d’une puissante participation à une réalité totale, surabondante et lumineuse, qui est, elle-même, ce procès singulier par lequel les choses sont à nouveau à voir, à penser et, indéfiniment aussi, toujours-à-faire. Au cœur de la domination théologicopolitique et de ses images, l’acte de peindre devient réforme de l’entendement et résistance de la vie multiple à sa réduction sous l’Un de l’orbe crucifère du pouvoir impérial. Solitaire dans son entreprise, mais solidaire des pauvres et des opprimés, Bruegel construit – dans la clandestinité du sens – les espaces nouveaux d’une liberté commune … ou la « sphère infinie » dont l’égalité (du rassasiement des corps) est la mesure.

    L’auteur

    Laurent BOVE est professeur émérite de l’université d’Amiens et membre de l’IHRIM, ENS Lyon.

    L’ouvrage a été publié avec le soutien de l’IHRIM.


    Plurivocalité et Polyphonies
    Une voie vers la modernité ?

    Rafaèle AUDOUBERT (dir.)

    coll. « Constitution de la modernité »
    Paris, Classiques Garnier
    23 mars 2022, 287 p.
    Publié en ligne le 9 mars 2022
    DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12593-8
    ISBN 978-2-406-12593-8

    Dans le cadre du colloque international organisé par l’IHRIM les 28-29 janvier 2021, une interrogation a été menée sur la polyphonie et la plurivocalité. Cet ouvrage rend compte de ces recherches, montrant comment la multiplicité de l’expression induit un cheminement herméneutique fécond, source d’élucidation des œuvres.


    Poésie moderne et oralité dans les Amériques noires
    « Diaspora de voix »

    Cyril VETTORATO

    coll. Perspectives comparatistes, série Modernités et avant-gardes
    Paris, Classiques Garnier
    24/01/2018, 744 p.
    ISBN 978-2-406-06519-7

    Cette étude examine la poésie moderne de la diaspora africaine, en particulier au Brésil, aux États-Unis, à Cuba et dans la Caraïbe anglophone. Animés par une extraordinaire énergie politique, ses auteurs inventent de nouveaux rapports à l’oralité entre les langues et les médiums.