ANNULÉ. Le livre et le disque en Italie de 1945 à nos jours


Contact : Hélène SOLDINI

Manifestation annulée et reportée à l’automne

Description, résumé
Depuis plusieurs décennies déjà, sans doute sous l’effet de la révolution numérique et de la progressive dématérialisation des supports, l’accent a été mis sur une approche matérielle des objets littéraires et artistiques. Tandis que dans le cadre des études littéraires, l’histoire du livre avait longtemps été confondue avec celle de ses contenus, c’est-à-dire avec une histoire des textes ou des auteurs, la question de la matérialité du livre a engagé une nouvelle compréhension des mécanismes littéraires et de leurs acteurs. Envisagé du point de vue de sa forme ou à partir des stratégies éditoriales et des modalités de sa circulation, le livre fait désormais l’objet d’approches innovantes capables d’éclairer d’un nouveau jour aussi bien l’interprétation des textes que les pratiques sociales et culturelles qui animent le monde livresque. Dans le domaine musical en revanche, le disque constitue un champ d’investigation relativement récent sans aucun doute à cause de la difficulté de réduire la musique à la fixité d’un objet et d’isoler le disque (qu’il s’agisse du microsillon ou du compact disque) des différents médias qui garantissent la diffusion musicale (radio, juke-box, concert, cinéma, revue etc.). Longtemps cantonnée à une histoire des innovations envisagée en des termes exclusivement techniques ou commerciaux, désormais la question de la construction de l’objet musical a intéressé plusieurs disciplines (parmi lesquelles la sociologie de la médiation et l’histoire culturelle) qui ont mis en évidence les processus d’invention et d’affirmation du disque comme médium culturel, ainsi que l’articulation étroite qui existe entre ce support et les pratiques sociales, culturelles, voire politiques qui s’élaborent autour de cet objet. Il n’en demeure pas moins cependant que le disque reste caractérisé par une fragmentation conceptuelle, en particulier en Italie où la question de la production, de la distribution et de la consommation de cet objet continue à être le plus souvent marginale et inscrite dans une approche globale où la pierre de touche est le monde musical anglo-saxon.
Allant à l’encontre de la tendance qui consiste à isoler la musique et la littérature comme des productions culturelles autonomes, l’objectif de ce colloque est donc d’explorer un sujet encore largement en friche en mettant côte à côte le livre et le disque, par le biais d’une réflexion collective sur l’histoire de la production, de la commercialisation et de la distribution de ces deux produits dans l’Italie de la seconde moitié du XXe siècle. Tandis que l’on assiste à partir de l’après-guerre à une reprise de l’industrie éditoriale et à une explosion qualitative et quantitative du marché discographique, selon quelles modalités ces deux produits participent à la formation du panorama culturel de la nouvelle Italie républicaine, jusqu’à l’aube de la révolution numérique et l’avènement d’une culture dématérialisée de plus en plus globalisée ? Il s’agira dès lors de s’interroger sur le rôle de l’industrie discographique et éditoriale dans l’émergence de pratiques culturelles nouvelles et, du même coup, dans la gestation d’une culture italienne dont le disque et le livre sont à la fois le produit (en tant qu’ils répondent à la demande d’un groupe générationnel et de couches sociales en pleine ascension, désireuses de se créer leur propre identité) et les producteurs (en tant qu’ils participent à l’élaboration de nouvelles attentes). Bien loin de souscrire à une approche déterministe et de vouloir aboutir à une représentation harmonieuse de ces processus, le projet cherchera au contraire à faire émerger les lignes de force mais aussi de fracture (sociale, économique, politique) qui s’en dégagent, tout en interrogeant la chronologie de cette lente gestation (notamment le tournant que représentent les années 1980 avec la création de grands conglomérats industriels multimédias dans lesquels s’insèrent le disque et le livre).
Afin de répondre à ces interrogations, le colloque entend privilégier une pensée par cas qui pourra s’appuyer sur l’un des axes de réflexion suivants (liste non exhaustive) :
a) La gestation et la diffusion d’une œuvre (littéraire ou musicale) comme espace de dialogue et laboratoire de réflexion. Une attention particulière pourra par exemple être accordée au choix des éléments paratextuels de nature discursive, iconique ou graphique, qui contribuent à la constitution du sens de ces œuvres et infléchissent leur lecture ou leur écoute.
b) La trajectoire d’un artiste ou d’un écrivain, envisagée du point de vue de son rapport au monde éditorial / discographique, en questionnant notamment le rapport que ces supports entretiennent avec d’autres médiums (la presse, le concert, la radio, la tv, la lecture publique etc.) dans sa carrière.
c) L’histoire d’une maison d’édition ou d’une maison de disques, d’une collection ou d’un label. On pourra par exemple s’interroger sur la façon dont livre et disque ont façonné l’essor d’un genre, et comment ce dernier structure le catalogue d’une maison éditoriale/maison de disque.
d) Une approche prosopographique centrée sur un acteur du monde du livre (un éditeur, un directeur de collection etc.) ou sur une des figures émergentes de l’industrie du disque durant ces années (un directeur artistique, un producteur, un ingénieur du son etc.)