Atelier de recherche « L’art mis en mots. Discours, transferts et processus de traduction en philosophie et en histoire de l’art »


Responsables : Dominik Brabant (KU Eichstätt) & Audrey Rieber (ENS de Lyon)
Avec le soutien de l’Université franco-allemande, de l’ENS de Lyon, de l’Institut d’Histoire des Représentations et des Idées dans les Modernités (IHRIM UMR 5317), du Goethe-Institut Lyon, du Centre Interdisciplinaire d’Études et de Recherches sur l’Allemagne (CIERA Hors les murs).

Public visé :

L’atelier s’adresse à des jeunes chercheuses et chercheurs en philosophie, en théorie et en histoire des arts. Il vise en priorité des doctorant(e)s voire, si la candidature est justifiée, des Masterant(e)s ou post- doctorant(e)s de langue française ou allemande dont les recherches actuelles sont ancrées dans le champ de la philosophie de l’art, de l’histoire de l’art et de l’esthétique.

Thématique de l’atelier :

L’atelier de recherche part du constat que la capacité à décrire, analyser, contextualiser et interpréter les phénomènes artistiques ou esthétiques à l’aide d’outils linguistiques adéquats fait partie des compétences clé des philosophes et historiens de l’art. Au-delà de leurs différences disciplinaires, la philosophie, l’esthétique et l’histoire de l’art partagent une difficulté commune : celle de mettre l’art en mots. Ce problème sera décliné selon deux axes principaux.
1° On interrogera la difficulté de formuler avec des mots des phénomènes proprement visuels et de
leur conférer de la sorte une dimension discursive. L’atelier propose de développer une réflexion méthodologique poussée sur de tels processus de traduction qu’on observe aussi bien au niveau de la description que de l’analyse. Le tant discuté iconic turn (tournant iconique), ainsi que de nouveaux domaines de recherche comme la « science de l’image » (Bildwissenschaft) et les Visual Studies ont récemment donné à cette question toute son acuité, montrant que le langage dont on se sert pour développer une argumentation n’est pas un simple instrument avec lequel on habillerait de mots des connaissances déjà constituées par ailleurs. Le philosophe ou l’historien de l’art doivent plutôt, à l’aide du langage, développer des modes d’accès aux phénomènes visuels tout en explicitant de manière historique et critique les concepts qu’ils mobilisent ce faisant.
2° C’est le processus de recherche lui-même qui peut être compris comme une activité dans laquelle
l’image et le texte, le visuel et le discursif entretiennent un rapport tendu, complexe et souvent productif : tandis qu’il travaille à vérifier la validité ou la falsifiabilité des objets et des questionnements qu’il examine, le chercheur se confronte presque inévitablement à des approches méthodologiques divergentes et aux traditions de pensée afférentes. Le savoir qu’il a acquis et ses principes de méthode achoppent sur des débats scientifiques anciens ou actuels conduits avec un vocabulaire et une langue toujours spécifiques. Il lui est alors indispensable de réfléchir à cette stratification des réceptions et des interprétations au cours de l’histoire car elles correspondent à chaque fois à une certaine façon d’envisager les œuvres d’art et les problèmes philosophiques. Ces diverses interprétations sont toujours liées à un langage et à des manières de dire originales qui peuvent être dépassées ou au contraire demeurer pertinentes.
La question directrice de l’atelier est donc la suivante : dans quelle mesure l’étude des phénomènes visuels amène-t-elle philosophes et historiens de l’art à se confronter à leur propre médium de communication, à savoir le langage ? Et comment la nécessaire traduction d’un médium dans un autre
peut-elle être rendue féconde pour un examen scientifique exigeant et méthodologiquement réfléchi de l’art et des artefacts visuels ?

But de l’atelier :

L’atelier a pour ambition de réunir de jeunes chercheuses et chercheurs en philosophie et en histoire de l’art dont les travaux se confrontent, par leur thème ou leur méthode, aux questions fondamentales du rapport entre art et langage, visualité et textualité. Il est également conçu comme un forum permettant de discuter de manière approfondie des traditions de pensée propres à chaque pays, dans un esprit interculturel. Il se veut par ailleurs interdisciplinaire, et entend contribuer à la mise en place d’un
échange approfondi autour d’un ensemble de problèmes méthodologiques communs, en lien avec la pratique concrète de la recherche.

Déroulement des journées :

Lors de l’atelier, les participants présenteront leurs travaux et méthodes, d’abord sous la forme d’un court exposé mettant en avant les problèmes et exigences particulières posés par leur fréquentation de certaines traditions scientifiques et des « façons de dire » qui leur sont liées (10 minutes), puis en insistant sur les stratégies de traduction et de positionnement qu’ils ont développées, sous la forme par exemple d’un « compte-rendu d’atelier » (10 minutes), avant une discussion commune (15-20 minutes).
D’autres formes de travail en commun s’ajouteront tels des groupes de travail franco-allemands au cours desquels seront commentés des textes de méthode relatif aux deux disciplines et souvent connus dans un seul des deux pays, faute de traduction.
Les jeunes chercheurs seront également conviés à une table-ronde sur les intraduisibles avec le Prof. Andreas Beyer (Université de Bâle), à un podium sur les transferts et échanges culturels franco- allemands avec Michel Espagne au Goethe-Institut (CNRS / ENS) et, enfin, à une visite organisée du Musée des Beaux-Arts de Lyon.

Les langues de travail sont le français et l’allemand ; des supports de compréhension en anglais pourront être demandés.

Les frais de transport, d’hébergement et une partie des frais de bouche seront pris en charge. Une publication en ligne des résultats de l’atelier est envisagée.

Modalités de candidature :

Les candidatures sont à envoyées à : Audrey Rieber avant le 4 janvier 2019. Elles comprendront : un curriculum vitae, une lettre de motivation, un résumé des travaux de recherche actuels (5.000 signes maximum) ainsi qu’un résumé de l’exposé qui pourrait être présenté lors de l’atelier (2.000 signes maximum).