Autorité de la parole spirituelle féminine en français au XVIe siècle


Organisé par Michèle CLÉMENT (Lyon 2), Isabelle GARNIER (Lyon 3), Dariusz KRAWCZYK (Varsovie)


Du centon chrétien de la poétesse romaine Proba sans cesse réimprimé de 1474 à 1601 aux Œuvres chrestiennes de Gabrielle de Coignard en 1594 en passant par Le Levain du Calvinisme de Jeanne de Jussie, l’autorité spirituelle féminine s’affirme progressivement dans l’espace du livre manuscrit ou imprimé au XVIe siècle. Pourtant de lourdes injonctions pèsent sur elle et elle fait l’objet de nombreuses répréhensions, depuis la première épître de Paul aux Corinthiens (I Cor, 14, 34-35) ou la première épître à Timothée (1Tim, 2, 11-12) que Marie Dentière cite dans la dédicace à Marguerite de Navarre de sa propre Epistre (f° a3 r°) pour contester cette assignation au silence.
Qu’elles soient catholiques, évangéliques ou réformées, des autrices – plus rarement des religieuses que dans les siècles précédents – n’ont eu de cesse de faire
entendre leur voix : les Œuvres spirituelles de Gabrielle de Bourbon, L’Epistre très utile de Marie Dentière, les Dévotes épistres de Catherine d’Amboise, la grande œuvre de Marguerite de Navarre entre 1521 et 1549, les poèmes et les traductions d’Anne de Marquets, les Emblèmes et devises chrestiennes de Georgette de Montenay, Gabrielle de Coignard, Marie de Brabant … viennent bousculer un discours toujours d’abord masculin.
Des travaux ponctuels ont déjà montré l’innutrition de cette parole religieuse par la connaissance des Écritures, ou bien à travers la lecture et la méditation personnelle ou bien indirectement par la liturgie et l’homilétique. Le mouvement réformateur, schismatique ou non-schismatique, a en effet multiplié le nombre d’écrits religieux féminins. Le temps est venu pour poser dans le prolongement des études déjà existantes la question de l’autorité de l’écriture spirituelle féminine, des formes que prend sur l’espace d’un siècle, l’émergence de cette autorité spirituelle.