Caroline HILDEBRANDT « Du Confidence-Man à Clarel : sécularisation et démythologisation dans l’œuvre de Herman Melville (1857-1876) »

Jury :
Thomas CONSTANTINESCO, Professeur des universités, Sorbonne Université (Examinateur)
Ronan LUDOT-VLASAK, Professeur des universités, Université Sorbonne-Nouvelle (Rapporteur)
Auréliane NARVAEZ, Maîtresse de conférences, Université Paris Nanterre (Examinatrice)
Mark NIEMEYER, Professeur des universités, Université de Bourgogne (Rapporteur)
Cécile ROUDEAU, Professeure des universités, Université Paris Cité (Examinatrice)
François SPECQ, Professeur des universités, ENS de Lyon (Directeur de thèse)

Il sera possible de suivre la soutenance en visio. Le lien peut être récupéré par mail à caroline.hildebrandt ens-lyon.fr.

Résumé de la thèse :

Ce travail propose une lecture de l’œuvre tardive de Herman Melville, afin de faire émerger une pensée de la sécularisation dans ses textes, tout en interrogeant la pertinence de la notion et des théories afférentes. Le corpus analysé comporte la dernière œuvre en prose publiée de Melville, The Confidence-Man (1857), le recueil de poésie Battle-Pieces (1866) et, enfin, le long poème épique Clarel (1876). L’analyse s’appuie sur la théologie herméneutique de Rudolf Bultmann et son concept central de « démythologisation », conçue comme une réinterprétation sceptique des textes bibliques et de leur contexte de réception, afin de dégager leur fondement existentiel. Complétée par la philosophie politique de Hannah Arendt, l’analyse dialogue avec les approches contemporaines de la sécularisation et, enfin, avec le champ de la philosophie et de la théorie littéraire. Il s’agit de cerner les phénoménologies religieuses, existentielles et politiques exprimées dans les textes melvilliens, qui s’articulent autour d’un pluralisme religieux en crise et de changements épistémiques majeurs. The Confidence-Man explore la rhétorique théologique de la sphère publique états-unienne et ses enchevêtrements avec les structures du capitalisme de marché naissant. Battle-Pieces révèle la crise de l’eschatologie que représente la guerre de Sécession, et formule une critique de l’idée de religion civile. Dans Clarel, la généalogie des liens entre théologie et politique aboutit à la formulation d’une disjonction totale des deux plans, non sans mettre en œuvre une forme d’amitié politique entre les protagonistes, fruit inattendu de leur quête spirituelle.

This work offers a reading of Herman Melville’s later works, in order to delineate a philosophy of secularization in the author’s texts, while questioning the accuracy of the notion and its multiple theories. The texts chosen are The Confidence-Man (1857), the poetry collection Battle-Pieces (1866) and the long epic poem Clarel (1876). The analysis relies on Rudolf Bultmann’s hermeneutical theology and his key concept of “demythologization”, which consists of a skeptical reinterpretation of the biblical texts and the context of their reception, in order to uncover their existential basis. The analysis is supplemented by Hannah Arendt’s political philosophy and dialogues with the contemporary approaches of secularization, and finally with literary theory. The idea is to discern the religious, existential and political phenomenologies to be found in Melville’s texts, which revolve around a crisis of religious pluralism and major epistemic changes. The Confidence-Man explores the theological rhetoric of the American public sphere and its links with the structures of a nascent market capitalism. Battle-Pieces reveals the eschatological crisis that the Civil War represents, and expresses a criticism of the idea of civil religion. In Clarel, the genealogy of the links between theology and politics traces a total disjunction between the two plans, while enabling the performance of a type of political friendship between the characters, which arises as the unexpected outcome of their spiritual quest.