Devenir des formes et plasticité de l’image. De la morphologie à l’anthropologie et à l’histoire de l’art


Direction scientifique
Muriel van Vliet (CEPA, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Audrey Rieber (ENS de Lyon / IHRIM UMR 5317)
Thomas Reinhardt (Institut für Ethnologie, München)
Aide logistique, traduction et interface pédagogique
Joël Beullier (ENS de Lyon)

Contact :
Audrey Rieber

PRÉSENTATION DES JOURNÉES

« Si, nous dit Goethe, nous observons toutes les formes, et en particulier les formes organiques, nous constatons qu’il ne se trouve nulle part de constance, d’immobilité, d’achèvement, et qu’au contraire tout oscille dans un mouvement incessant. C’est pourquoi notre langue se sert à fort juste titre du mot formation (Bildung), tant pour désigner ce qui est produit que ce qui est en voie de l’être ». La morphologie qu’il souhaite inaugurer doit donc se garder de parler de forme, sauf si par ce terme, on entend seulement « l’idée, le concept, ou un élément fixé pour un instant seulement dans l’expérience » (Goethe, La Métamorphose des plantes [1798], trad. Henriette Bideau, Paris, Triades, 1992.) C’est la plasticité des structures biologiques et poétiques qui est donc centrale pour Goethe, et c’est sur elle que l’attention doit porter, c’est-à-dire sur le fonctionnement actif de l’imagination créatrice, capable de partir d’un cas particulièrement prégnant du réel, qu’il s’agisse d’une plante ou d’un
mythe ancien, pour le faire varier au travers d’expériences diverses et répétées, mettant en lumière des potentialités inattendues et créant à partir de là des séries qui font sens. L’un des concepts centraux devient alors celui de métamorphose. Nourri de l’héritage goethéen, le philosophe allemand Ernst Cassirer accorde un rôle central à la notion de transformation pour édifier sa philosophie des formes symboliques. La recherche récente a par ailleurs montré que Claude Lévi-Strauss a lui aussi puisé à la source morphologique goethéenne.
Selon les interprétations de Philippe Descola et de Gildas Salmon, c’est le concept de transformation qui constitue la spécificité du structuralisme morphologique qu’il développe.
Partant de l’initiative goethéenne et de son rayonnement dans la philosophie de la culture et en anthropologie, nous nous interrogerons sur l’usage et les limites des concepts de mise en série, de reconfiguration et de transformation dans le domaine de l’image et des productions visuelles, qu’elles soient envisagées par l’histoire et la théorie de l’art ou par l’anthropologie. Nous souhaitons montrer
comment les recherches actuelles menées d’un côté par des anthropologues qui se penchent sur des objets intermédiaires entre art et document culturel et, de l’autre côté, par des historiens de l’art
inspirés par les méthodes morphologiques se rejoignent et dialoguent autour de nouveaux paradigmes et outils conceptuels pour dégager la logique du devenir des formes et de la plasticité des images.