Études sociales 2022/2. « L’autodidaxie : pratiques, représentations, supports, sociabilités (XIXe-XXe siècles) », dossier coordonné par Sarah AL-MATARY
À l’heure de l’Open Access, l’autodidaxie semble avoir gagné de nouveaux outils : MOOC, applications informatiques, manuels et autres méthodes pour apprendre « en autonomie » se multiplient. L’apparition de « nouveaux autodidactes », signalée par Georges Le Meur au tournant du millénaire, explique pour une part que les spécialistes en sciences de l’éducation aient renouvelé – sur une base souvent expérimentale et à des fins pratiques – les travaux qui portaient sur cette activité immémoriale, mais progressivement occultée par l’enseignement institutionnalisé . Plus aisée à délimiter des points de vue notionnel et sociologique dans les pays où la scolarisation primaire est obligatoire depuis au moins un siècle, l’autodidaxie reste caractérisée par une grande hétérogénéité, ne serait-ce que parce qu’on imagine que chaque individu s’y consacre en solitaire, selon des modalités propres. Et même si ses avatars contemporains suscitent des définitions efficaces , on peine encore à distinguer l’autodidaxie (aussi nommée « autodidactisme ») de l’autoformation, de l’autoapprentissage, et de formes d’éducation qualifiées d’« alternatives ».
Étudier les pratiques et les représentations de l’autodidaxie aux XIXe et XXe siècles peut permettre de mieux en saisir la spécificité, dans la confrontation de l’autodidacte avec les figures du « dilettante », de l’« amateur », du « self-made man », mais aussi du « primaire » ou du « boursier ».