Habiter les villes futures. Nature et urbanisme à l’épreuve des fictions d’anticipation


Organisation : Claire BAREL-MOISAN (CNRS, ENS-Lyon) et Kevin PELLADEAUD (Université Grenoble Alpes)

La seconde moitié du XIXe siècle voit le développement spectaculaire de deux grandes métropoles européennes, Paris et Londres, vitrines d’un nouvel urbanisme, mais aussi espaces de croissance anarchique de quartiers où l’on observe la dégradation de l’habitat populaire sous les effets de l’industrialisation et de l’exode rural. Face à ces « villes tentaculaires », de nombreux écrivains utilisent la fiction d’anticipation pour porter un regard réflexif sur les transformations de l’urbanisme contemporain, tout en imaginant et expérimentant dans l’avenir d’autres manières d’habiter la ville.

Cette journée d’étude se propose d’analyser les villes du futur représentées dans la littérature d’anticipation, que celles-ci apparaissent comme des cités idéales ou comme une projection cauchemardesque de la modernité. Quelle place l’humain y ménage-t-il pour les espèces animales et végétales ? Comment l’existence urbaine modèle-t-elle les corps des citadins du futur, aussi bien que la biologie animale et végétale ? Quelle dialectique peut réconcilier ou opposer nature et structures urbaines, célébrant l’ingéniosité des architectes, ingénieurs et édiles, ou déplorant la destruction du milieu par la pollution ? On s’interrogera sur la pensée de l’urbanisme et de la nature qu’élaborent les différents courants de pensée qui modèlent l’histoire culturelle et politique de la période : positivisme, hygiénisme, ou socialismes utopiques. Comment des disciplines comme la géographie (La Blache, Reclus, etc.), la sociologie (Durkheim, Simmel), voire la science politique construisent-elles une pensée scientifique de la ville, projetant les cités actuelles dans le futur ? On verra aussi comment la nature peut imprégner l’esthétique même de la ville de l’avenir, les formes végétales caractéristiques de l’Art nouveau structurant à leur tour les cités futures.
À travers la complexité des relations entre ville et nature dans la littérature d’anticipation, se manifeste ainsi la transposition fictionnelle des débats qui animent la sphère publique quant aux transformations de l’urbanisme à la Belle Époque et au long du XXe siècle.


Responsable du programme Urbanature : Gisèle SEGINGER
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