L’actualité de la vertu de constance


Jacqueline Lagrée, Professeur émérite de philosophie, Université de Rennes 1

En français, qualifier un homme du stoïque signifie lui reconnaître le mérite de rester ferme dans l’adversité, de supporter le malheur avec courage et ténacité, sans s’écarter de la voie qu’il a choisie. L’attitude fondamentale du stoïcien paraît donc être la constance.
Si Sénèque, dans le De constantia sapientis, en fait la vertu par excellence du sage parce qu’elle caractérise la continuité dans l’action droite de l’âme qui connaît le bien et que la raison, une fois qu’elle a saisi le juste et le droit, ne change plus de position, le néostoïcisme, avec Juste Lipse (de constantia 1584) et Guillaume du Vair (Traité de la constance et de la consolation 1594), en font la vertu cardinale de l’homme vertueux et juste, et non pas du seul sage.
Descartes s’en souviendra lorsque, dans la troisième partie du Discours de la méthode, il prendra comme seconde maxime d’être « le plus ferme et le plus résolu en mes actions que je pourrais », la résolution prenant chez lui le sens traditionnel de la constance.
La constance semble moins prisée aujourd’hui car elle est bien à l’opposé du zapping. On la retrouve cependant vantée par certains politiques. L’exposé tentera donc, après avoir exposé le sens stoïcien de la constance chez Sénèque et les néostoïciens, de réfléchir à l’actualité de cette vertu qui n’est ni opiniâtreté ni entêtement mais cohérence ; vertu pour des temps difficiles peut être, vertu par gros temps mais vertu toujours actuelle et sans emphase.

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