La musique de chambre : Histoire, institutions, écriture et interprétation


Organisation : Muriel Joubert, Mélanie Guérimand, Denis Le Touzé, Emmanuel Reibel

Le département de Musique et musicologie de l’Université Lumière Lyon 2 a établi un partenariat privilégié avec le Concours International de Musique de Chambre de Lyon depuis sa création. Il a organisé depuis 2003 une journée d’étude annuelle qui se tient pendant le Concours, ainsi que d’autres actions de médiation pédagogique en marge des épreuves. Ces manifestations scientifiques ont donné lieu à une série de publications sorties ou à paraître [1]. Comme ces journées d’études se sont intéressées chaque année à l’effectif mis à l’honneur par la compétition, la réflexion a porté avant tout sur les genres et les répertoires de la musique de chambre (quatuor à cordes, trio avec piano, quintette à vent, etc.). Il est aujourd’hui nécessaire de renouveler cette approche puisque le rythme annuel du CIMCL conduit inévitablement à revenir de façon périodique sur les mêmes formations. Aussi le département de Musique et musicologie de Lyon 2 a-t-il décidé d’instituer une collaboration entre deux centres de recherche, IHRIM – UMR 5317 et Passages XX-XXI pour consacrer trois années successives à une réflexion transversale sur l’histoire de la musique de chambre, en insistant sur les questions d’institutions et d’interprétation. De nombreux articles et ouvrages ont déjà été consacrés à la musique de chambre, mais la réflexion s’est le plus souvent portée – en dehors des guides généraux [2] – sur un effectif particulier [3] : l’objectif de ce programme trisannuel est de construire, à partir des communications retravaillées, un livre s’interrogeant sur les pratiques de la musique de chambre, du cœur du XVIIIe siècle à nos jours. Les axes que nous souhaiterions valoriser sont les suivants :
>Les espaces et les institutions de la musique de chambre (perspective historique et sociologique)
1- Où joue-t-on la musique « de chambre » ? Comment ce répertoire s’émancipe-t-il peu à peu de l’espace privé ou de l’espace domestique ? Comment se professionnalise-t-il ? Quelles sont les évolutions historiques et géographiques du genre ? On aimerait notamment aborder, de façon très pragmatique, la question de la disposition des musiciens dans les différents espaces, du salon jusqu’à la salle de concert, en se demandant si la partition d’une part, la performance d’autre part, ont partie liée à cette question spatiale.
2- Comment s’opère l’institutionnalisation de la musique de chambre ? La question appelle des études sur l’histoire des sociétés de musique de chambre, par exemple [4] , mais aussi sur l’histoire des concours de musique de chambre, à l’échelle internationale.
3- Comment le répertoire s’institutionnalise-t-il ? On aimerait s’interroger sur la façon dont s’est constitué un canon de la musique de chambre, assez resserré au demeurant, au sein duquel quelques figures majeures comme Schubert, Schumann, Brahms ou Dvořák continuent à assurer leur suprématie aujourd’hui dans les salles de concert.
4- Comment se créent, comment travaillent, comment se séparent les ensembles de musique de chambre ? On encourage une réflexion sociomusicologique interrogeant l’impact de l’espace familial, dans les pratiques amateures comme dans le cas des musiciens professionnels ; on aimerait aussi aborder la question de l’enseignement de la musique de chambre et celle du rôle des conservatoires dans le développement des pratiques et la constitution des groupes. Les questions sociales, sociologiques ou encore genrées pourront faire l’objet de développements spécifiques.
>L’écriture et l’interprétation de la musique de chambre
(perspective analytique et esthétique)
5- La musique de chambre a-t-elle une identité stylistique, par-delà les différents genres qui la constituent ? Quels sont ses principaux enjeux d’écriture ? Pourront être abordés les liens entre le style d’écriture et la facture instrumentale ; les liens avec l’univers symphonique ou avec l’univers vocal, par exemple, mais aussi la place occupée par la transcription dans le répertoire des groupes de musique de chambre.
6- On aimerait également mettre en valeur la trajectoire artistique de quelques groupes de musique de chambre devenus mythiques, en faisant ressortir les enjeux humains, matériels, esthétiques et artistiques de ces collaborations, leurs difficultés également.
7- Y a-t-il une évolution dans le jeu de la musique de chambre ? Comment aborder les questions de style dans l’interprétation de la musique de chambre ? On aimerait susciter plus généralement des réflexions sur le lien entre musique de chambre et performance, et interroger la place occupée par la musique de chambre dans l’industrie discographique.
Les propositions portant sur une œuvre, un compositeur ou un effectif particulier ne seront pas écartées d’office à condition qu’elles soient problématisées et reliées à l’un des 7 axes présentés ; en tout cas, on privilégiera les perspectives permettant d’apporter des éléments de réponses aux questionnements exposés ci-dessus, mais aussi, puisque l’édition 2019 du CIMCL portera sur l’effectif voix-piano, des communications interrogeant les dimensions institutionnelles ou interprétatives liées à cet effectif particulier.
Les propositions de communications (25/26 avril 2019) sont à adresser d’ici au 15 septembre 2018 à Muriel Joubert, Denis Le-touze et Emmanuel Reibel


Comité Scientifique : Myriam Chimènes (CNRS), Stefan Keym (Toulouse), Frank Langlois (CNSMD Lyon), Béatrice Ramaut (Saint-Étienne), Hyacinthe Ravet (Paris Sorbonne)

Université Lumière Lyon 2, IHRIM – UMR 5317, Passages XX-XXI, Concours International de Musique de Chambre de Lyon