Les Italien.ne.s au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (1861-1950) : entre migrations et construction d’une identité italienne


Organisation : Maeva MEYER (Université Jean Moulin Lyon 3, IHRIM) et Maddalena ZAGLIO (Global Studies Institute - Université de Genève)

Les différentes interventions pourront se focaliser autour des axes suivants, sans exclure d’autres propositions :

1. La construction d’une identité italienne au sein des colonies du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord : ainsi, l’associationnisme occupe une place importante dans la construction d’une communauté au sein des colonies italiennes établies au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Que ces associations soient à caractère religieux, politique, ouvrier ou culturel, elles constituent un moyen pour les immigré.e.s italien.ne.s de se rassembler autour de valeurs fortes et communes, comme c’est le cas en Égypte (Rainero : 1991). Quels sont plus largement les outils mis en place par les colonies sur place pour développer des valeurs communes et constituer une identité qui leur est propre ? Le sentiment d’appartenance à la Péninsule est-il le même que le sentiment d’identité nationale développé en Italie ? Qu’est-ce qu’être italien.ne pour les immigré.e.s de la Péninsule établi.e.s au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ?

2. Obstacles et limites à cette construction d’identité italienne : la première révolution égyptienne de 1919 signe les prémisses d’une volonté à plus large échelle de la part des pays arabes sous domination européenne de s’en extirper. Mais c’est surtout à la fin des années 1940 que se développent dans certains pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, à l’instar de la Lybie, des mouvements anti-impériaux et nationalistes qui conduiront à une indépendance totale vis-à-vis des puissances européennes (Page, Sonnenburg : 2003). À quel point des évènements traumatisants tels que des expulsions, des actes à caractère raciste ou xénophobe mais également l’expérience des Guerres mondiales impactent ce sentiment d’appartenance national italien au sein des (ex-)colonies italiennes ?

3. Idéologie fasciste et identité italienne : à partir des années 1920, la propagande fasciste se diffuse progressivement dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. C’est notamment par la culture qu’elle tente de s’y implanter (Mazza : 2021). À travers les émissions de radio ou l’institution de cercles culturels fascistes, le régime tente de renforcer les liens avec les pays du monde arabe mais également d’insuffler un sentiment d’appartenance national au sein de ses colonies (MacDonald : 1977). Comment est reçue la propagande fasciste par les colonies italiennes ?

4. Les populations locales et leurs rapports à l’italianità : à partir de 1911, la communauté juive de Libye adopte l’italien comme langue principale et obtient la nationalité italienne (Levy : 2002). Que signifie alors être italien.ne au Moyen-Orient et en Afrique du Nord pour un.e Libyen.ne, un.e Égyptien.ne ou encore un.e Palestinien.ne ? Comment est perçue par les indigènes cette identité italienne ? Comment l’Italie et les Italien.ne.s sont-ils/elles représenté.e.s dans l’imaginaire collectif local ?

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Les propositions, sous forme d’abstract d’environ 400 mots, sont à rédiger en français, en italien ou en anglais et devront comporter une courte bibliographie et biographie de l’auteur.e. Elles sont à soumettre au plus tard le 31 mai 2024 aux deux adresses suivantes : maeva.meyer1 univ-lyon3.fr ; maddalena.zaglio unige.ch.
Le comité scientifique communiquera les réponses aux participant.e.s le 15 juin 2024.

Comité scientifique :
Ada BARBARO (Università degli Studi di Roma “La Sapienza”)
Wafaa EL BEIH (جامعة حلون – Université de Helwan)
Céline FRIGAU MANNING (Université Lyon 3)
Pierre GIRARD (Université Lyon 3)
Stéphanie LANFRANCHI (ENS Lyon)
Monica RUOCCO (Università degli Studi di Napoli “L’Orientale”)


Dès les premières guerres d’indépendance, beaucoup d’Italien.ne.s quittent la Péninsule pour s’installer dans les régions de l’Empire ottoman. En effet, de la Libye à la Syrie en passant par l’Égypte, de nombreux.ses Italien.ne.s affluent en Orient (Grange : 1994). Que les raisons soient d’ordre politique ou économique, toutes sont liées à cette instabilité politique qui caractérise le XIXe siècle italien au temps du Risorgimento (Bossaert : 2019).
Ce colloque entend s’inscrire dans le sillage des études historiographiques sur les migrations italiennes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord en explorant les questionnements liés à la construction d’un sentiment d’appartenance national au sein des communautés italiennes, de l’Unità jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Nous nous situerons au croisement de l’histoire des migrations et de l’histoire coloniale. Ce colloque propose de discuter de la construction d’une identité nationale italienne au sein des colonies italiennes établies dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord mais également d’analyser la réception et la définition d’une italianité par les sociétés locales dans un contexte colonial du XIXe siècle. Toute démarche de recherche visant à complexifier et nuancer les rapports entre les différentes populations et à montrer les modalités, parfois contradictoires, de leur imbrication, sera particulièrement bienvenue.