Claire DESLAURIERS « Le morphème etc. chez Stendhal : du fait de langue au trait de style »

Jury composé de :

M. Eric BORDAS (ENS Lyon, directeur)
M. Jacques DÜRRENMATT (Université Paris-Sorbonne, rapporteur)
Mme Cécile MEYNARD (Université d’Angers, rapporteur)
Mme Marie PARMENTIER (Université de Poitiers)
M. Gilles SIOUFFI (Université Paris-Sorbonne)

Résumé de la thèse de doctorat
Aucune étude systématique dans le domaine de la linguistique française n’a porté spécifiquement sur le morphème etc. Nous proposons de cerner les enjeux de cet objet linguistique et littéraire problématique, en diachronie puis en synchronie. Notre travail s’ouvre sur les questions de l’origine et la morphosyntaxe de etc. En effet, l’histoire de la langue permet d’observer le processus de figement partiel de la séquence « coordonnant + adjectif substantivé » et dans un même temps, de distinguer deux grands types d’emplois du morphème. Ces deux types d’emplois établissent un critère de classement pertinent pour toute étude synchronique portant sur la question du etc. De fait, si l’emploi de etc. correspond toujours à une pratique de l’interruption, il intervient soit à la fin d’une énumération, soit entre deux segments textuels. Cette partition nécessite deux niveaux d’analyse, le premier syntaxique, le second lié aux enjeux énonciatifs du texte.
Nous avons donc appliqué ce principe de classement aux 350 occurrences de etc. appartenant à un corpus de six textes stendhaliens : De l’Amour, Racine et Shakespeare, Promenades dans Rome, Le Rouge et le Noir, Lucien Leuwen, Vie de Henry Brulard. Le cœur de notre travail se présente à la fois comme un classement de la totalité des occurrences du morphème et comme une analyse des enjeux d’occurrences choisies, à l’échelle phrastique ou textuelle.
Une telle étude permet d’aborder un certain nombre de problématiques touchant à la l’utilisation du morphème etc. : effets d’ellipses et d’échos, enjeux des réduplications du morphème, jeux sur l’implicite, logiques référentielles mises en place par l’auteur, portée des ruptures énonciatives et conséquences sur la lecture. Nous entendons enfin montrer que etc. est un ponctème rythmant dont l’impact stylistique est systématiquement exploité par Stendhal. Révélateur d’une écriture qui donne à voir autant qu’elle laisse deviner, le etc. participe de la logique moqueuse, « cryptique » et conversationnelle des textes Stendhaliens.

The morpheme ‘etc.’ in Stendhal’s works :
from the linguistic item to the stylistic characteristic.
No systematic study in the field of French linguistics has specifically focused on the morpheme etc. The aim of our research is to identify and frame the linguistic and literary issues of this problematic object, first in diachrony and then in synchrony. Our study begins with the question of the origin and of the morphosyntax of etc. Through the history of the language we can observe the partial fossilisation of the sequence ‘coordinating conjunction + nominalised adjective’ and at the same time identify two main types of use of the morpheme. These two types establish a relevant criterion for the classification of any synchronic study on the issue of etc. If the use of etc. always corresponds to a practice of interruption, it can either take place at the end of an enumeration or in between two segments of text. This partition requires two levels of analysis, a syntactic one and one related to the enunciative issues of the text.
We applied this ranking principle to 350 occurrences of etc. belonging to a compilation of six Stendhalian texts : De l’Amour, Racine et Shakespeare, Promenades dans Rome, Le Rouge et le Noir, Lucien Leuwen, Vie de Henry Brulard. The core of our work consists in both the ranking of all the occurrences of this morpheme as well as the analysis of issues prompted by selected occurrences, on a phrasal or textual level.
This study addresses a number of issues relating to the use the morpheme etc. : effects of ellipses and echoes, issues of reduplication of the morpheme, effects of the implicit, referential logics set up by the author, scope of the enunciative ruptures and their effects on the reader. Finally we intend to show that etc. is a beating ‘puncteme’ (acting as a modulating ‘punctuation mark’) whose stylistic impact is systematically exploited by Stendhal. Etc. is an essential part of the mocking, ‘cryptic’ and conversational logic of the works of Stendhal, revealing a writing style which lets the reader see as much as it lets him guess.

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