Valeurs de l’empreinte


Organisation : Emmanuel BOLDRINI, Léa DEDOLA et Bastien MOUCHET

Quand elle désigne l’impression d’une forme sur une surface, l’empreinte n’est qu’un procédé technique parmi d’autres. Mais sitôt qu’elle est perçue comme le témoin privilégié du passage d’un corps sur un autre, ou comme la preuve de la présence passée d’un objet ou d’un être absent, alors l’empreinte acquiert une valeur et devient objet de polémiques.

Ainsi, il y a des empreintes que nous aimons (re)découvrir et contempler : les géoglyphes, les empreintes positives ou négatives d’une main sur la surface d’un mur de grotte, l’empreinte d’un dinosaure enfermée par la roche, ou encore les empreintes des instantanés photographiques et de la durée cinématographique.

À l’inverse, il existe des empreintes que nous percevons avec angoisse, parfois avec regret, et dont nous questionnons la véracité du message, de l’identité, du renseignement, ou la conséquence de l’information. Par exemple, l’empreinte carbone, plus largement l’empreinte écologique, ou l’empreinte numérique nous invitent à penser l’héritage que nous laissons. Si ces empreintes sont au cœur de tant de revendications et qu’elles feront probablement l’objet des grandes manifestations et révolutions des prochains siècles, c’est peut-être à cause de leur caractère persistant, du fait qu’elles peuvent être monétisées aux dépens des utilisateur.ices, ou parce qu’elles sont la marque d’un rapport socialement désapprouvé de l’humain à la nature.

Par conséquent, depuis la constitution de la préhistoire en discipline scientifique au cours du XIXe siècle, jusqu’aux déploiements les plus récents des capacités des usines et des technologies, les valeurs morales, éthiques, ou déontologiques de l’empreinte n’ont jamais cessé d’évoluer. Quelles sont les répercussions intellectuelles, artistiques et littéraires de ces jugements ?

Force est de constater que ces questions s’articulent souvent autour de récits rétrospectifs ou bien prospectifs. Autrement dit, l’empreinte a tendance à susciter deux types de fictions anthropologiques : une première relative à nos origines (d’où vient la trace ?) et une seconde relative à notre avenir (comment la trace sera-t-elle reçue ?). Bien sûr, chaque posture sert principalement à interroger le temps présent. Toutefois, cette distinction rend le sujet ambivalent : prendre l’empreinte comme objet, est-ce un geste d’arrière-garde ou d’avant-garde ? Cela revient-il à s’inscrire dans un héritage ou à le renier ?

Le colloque du 24 mars organisé à l’Université Lyon 2 ainsi que l’exposition des 24 et 25 mars à La Cité des Halles interrogeront la façon dont les intellectuel.le.s, les artistes et les écrivains investissent les enjeux politiques posés par l’approche scientifique de l’empreinte.


Comité scientifique :
Emmanuel BOLDRINI
Léa DEDOLA
Bastien MOUCHET

Comité d’exposition :
Cosmosia (Julien LOMET, Maëlys JUSSEAUX, Piers BISHOP, Nataliya VELYKANOVA, Léa DEDOLA)

Soutenu par les laboratoires IHRIM et Passages Arts & Littératures (XX-XXI) et l’association Têtes Chercheuses.