Cartésianisme et droit : comment les neveux de Descartes ont-ils rebâti son logis provisoire ?

Organisation : Delphine ANTOINE-MAHUT (ENS de Lyon), Benjamin JOLY

Dans ce passage du Discours de la Méthode, Descartes cantonne le droit au rôle philosophiquement subalterne, même si aux conséquences pratiques essentielles, de pilier d’une morale par provision quadripartite. Le droit est une des pièces principales de ce logis provisoire d’où Descartes va rebâtir la philosophie. C’est en effet la toute première maxime de cette morale que de respecter le droit établi (« obéir aux lois et coutumes de mon pays ») : elle lui assure ainsi une discrète et sûre tranquillité, indispensable à son entreprise philosophique. Mais force est de constater qu’il n’a jamais révisé le statut intellectuellement provisoire et asservi assigné par lui à ce champ du savoir, qu’il n’a jamais rénové la bâtisse de fortune qui l’accueillait. Car on sait que Descartes n’a quasiment rien dit de cette discipline, bien que fils d’un magistrat du parlement de Bretagne et formé à l’université de Poitiers, où il avait obtenu en 1616 sa licence en droit civil et canoniquet.
C’est donc à ses « neveux » que reviendra la tâche de réformer les quelques pièces du logis provisoire que constitue le droit en en modifiant éventuellement, more cartesiano, les fondements, la méthode ou le fond.