Dix-septième siècle n° 296, 2022/3

« Repenser la philosophie du XVIIe siècle. Canons et corpus »

Marie-Frédérique PELLEGRIN (dir.)

Revue éditée par la Société d’études du XVIIe siècle
Diffusée par les Presses universitaires de France
17 août 2022, 192 p.
ISBN 978-2-13-083541-7
ISSN 0012-4273
Numéro mis en ligne sur Cairn.info le 14/06/2022
e-ISSN : 1969-6965

L’exhumation de femmes philosophes et la réflexion sur leur inclusion dans les corpus est la meilleure chose qui soit arrivée à l’histoire de la philosophie moderne depuis bien longtemps. Elle est en effet tout d’abord le lieu où se réfléchissent de la manière la plus dynamique et la plus aiguë les méthodes de l’histoire de la philosophie, entre contextualisme et appropriationisme. Elle légitime ensuite puissamment l’intérêt qu’il y a à faire de l’histoire de la philosophie : chaque pensée se nourrit d’un travail collectif de constitution de problèmes et de débats où les femmes jouent un rôle important.
Il incombe à toutes celles et tous ceux qui étudient la philosophie de l’époque moderne de montrer que dans tous les cerveaux on peut creuser de nouveaux sillons, voire « révulser les esprits animaux », c’est-à-dire les pousser à changer de route pour sortir des sentiers battus. Cette méthode peut révulser au sens courant du terme, c’est-à-dire heurter et terrifier car notre vision acquise de la philosophie (notamment au cours de nos études) et transmise par de solides traditions semble évidente et cohérente. La modifier a quelque chose de choquant. La révulsion est cependant également un demi-tour (une révolution, écrit même Furetière dans son Dictionnaire à l’article « Révulsion »). Elle pousse à faire retour sur nos pratiques en histoire de la philosophie. Elle constitue donc une réflexion nécessaire sur la philosophie moderne.