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Quinzo confiné « Sand en son “cloître désert” »

Extrait d’une lettre de George Sand proposé par Marjolaine FOREST en lien avec les actes à paraître du colloque « George Sand comique » dirigé par Olivier BARA et François KERLOUÉGAN

En 1835, George Sand se réfugie à Nohant pour attendre le verdict de la demande en séparation qu’elle a déposée contre Casimir Dudevant ; dans cette lettre adressée à son amie Marie d’Agoult, elle raconte son quotidien invariablement solitaire :

Nohant, 1er novembre 1835.

[…] la bile me confine dans une cellule où je n’ai d’autre société qu’une tête de mort et une pipe turque. Je tiens là comme un Lapon à la croûte de glace qu’il appelle sa patrie, et je ne saurais me figurer, pour le moment, un autre Éden. […] Je plaide en séparation contre mon époux, qui a déguerpi, me laissant maîtresse du champ de bataille. J’attends la décision du tribunal. Je suis donc toute seule dans cette grande maison isolée ; il n’y a pas un domestique qui couche sous mon toit, pas même un chien. Le silence est si profond la nuit […], que, quand j’ouvre ma fenêtre et que le vent n’est pas contraire, j’entends distinctement sonner l’horloge de la ville, qui est à une grande lieue de chez moi, à vol d’oiseau. Je ne reçois personne, je mène une vie monacale. […] Mon cheval est rentré sous le hangar et on n’entend pas voler une mouche autour de mon cloître désert.

Source : Sand à Marie d’Agoult, Nohant, 1er novembre 1835, Correspondance, édition de Georges Lubin, Paris, Classiques Garnier, coll. « Bibliothèque du 19e siècle », volume III, p. 223-228.
En ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2065433/f317.image