Alberto FABRIS « Itinéraires du désir dans la philosophie de Giordano Bruno »
Le jury sera composé de :
M. Saverio ANSALDI, maître de conférence HDR, université de Reims Champagne-Ardennes
M. Fabio RAIMONDI, professore aggregato, università degli Studi di Udine
M. Thomas BERNS, professeur, université libre de Bruxelles
M. Eugenio REFINI, assistant professor, the Johns Hopkins University
Mme Kristell TREGO, maître de conférence HDR, université Clermont-Ferrand II
Résumé
Le présent travail de thèse est consacré à la question du désir ainsi qu’elle émerge dans la philosophie de Giordano Bruno (1548-1600).
En dépit de sa place relativement marginale dans le corpus très vaste des études bruniennes et malgré sa présence non immédiatement exhibée dans les écrits du Nolain, nous pensons qu’une recherche sur le statut du désir peut ouvrir une perspective pertinente et radicale sur la pensée de ce philosophe de la Renaissance tardive. Loin d’être une question accessoire, le désir se situe au cœur de la philosophie de Bruno et incarne le rythme immanent de sa spéculation. Face au thème capital de la nolana filosofia – la modalité à travers laquelle le finit réalise et exprime l’infini – la question du désir nous ouvre des chemins subjectifs à travers l’imposante œuvre de l’ex-moine dominicain. Nous avons abordé ce sujet sous plusieurs perspectives, toujours attentifs à exprimer le caractère systématique sus-jacente à la grande ampleur des thématiques que l’on trouve dans les écrits du philosophe. Nous avons préféré procéder de manière diachronique, en privilégiant une approche conceptuelle plutôt qu’une exposée de la philosophie brunienne dans son déroulement chronologique. Nous nous sommes d’abord penchés sur un traité tardif, la Lampas triginta statuarum, où le désir apparaît comme la force qui amène les « ténèbres » indistinctes à exprimer la richesse infinie de formes qu’elles enferment en puissance. Dans les dialogues italiens à sujet cosmologique, le désir se révèle la force qui, à travers les révolutions des planètes, fonctionnelles à la succession des saisons et des civilisations, réalise dans chaque être la vicissitude qui lui permet « d’être tout et de devenir tout ». La comédie en italien le Chandelier montre comme la poursuite d’un désir statique, obsessionnel et contraire à la nature amène inévitablement à la perte des personnages qui l’incarnent. Cette même aspiration "civile" sera présente dans le traité magique Des liens où le philosophe-mage s’appuie sur l’amour, « le lien le plus puissant », pour donner vie à une république qui à travers ses citoyens, reflet la puissance infinie immanente à la nature. En dernier lieu nous verrons comment, dans Des fureurs héroïques, l’élan cognitif qui amène Actéon à « devenir nature » correspond à manière plus proprement humaine de réaliser l’infini.