Amélie GREGÓRIO « L’Arabe dans le théâtre français, du début de la conquête de l’Algérie aux grandes expositions coloniales (1831-1931) »
Dès 1830, le théâtre s’empare du thème de la conquête de l’Algérie puis il accompagne l’expansion coloniale en Afrique du Nord, événements majeurs qui ont marqué la vie politique française du XIXe et du début du XXe siècle. Véritable phénomène social et culturel de masse, il a fortement contribué à imposer l’esprit colonial et l’idée d’empire dans les mentalités. Mais dans quelle mesure exacte a-t-il été un acteur culturel de cette politique d’expansion et de domination ? Avec quelle fréquence, quelles inflexions ? Quelles représentations de l’« Arabe » a-t-il véhiculé, et comment les a-t-il transformées en discours idéologiques, reçus en direct par un public donné ? A-t-il été aussi le lieu d’une prise de distance, voire d’une contestation de la colonisation ? Au théâtre, l’altérité est mise en mots, mais aussi et surtout portée sur scène, par le corps et la voix du comédien, presque toujours français et blanc. L’autre, « indigène », celui qui interpelle, inquiète ou fascine, acquiert une visibilité accrue, le temps de la représentation. L’altérité est réduite par certains auteurs à des stéréotypes que d’autres mettent au contraire en question. L’image de l’Arabe, mais aussi du Kabyle, du Touareg et du métissé, a suivi les courants idéologiques qui ont sous-tendu les grandes étapes de l’expansion coloniale, jusqu’aux prémices des mouvements de décolonisation. Sur le plan esthétique, la représentation de l’« Arabe » est-elle l’occasion d’un renouvellement en matière de jeu, de langage, de décor et de costume ? La recherche de l’« exotisme » dans les formes spectaculaires laisse-t-elle parfois place au souci de rencontre et (re)connaissance de l’autre ? La portée à la fois littéraire, culturelle, sociale et historique du sujet nécessite de mobiliser et croiser des approches esthétique, dramaturgique, sociocritique et postcoloniale.
Le jury est composé de :
Olivier BARA, Professeur de Littérature et Arts de la scène (Université Lyon 2)
Marion DENIZOT, Maître de conférence H.D.R. (Université Rennes 2)
Franck LAURENT, Professeur de Littérature française (Université du Maine)
Isabelle MOINDROT, Professeure d’Études théâtrales (Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis)
Sarga MOUSSA, Directeur de recherche (CNRS)
Jean-Claude YON, Professeur d’Histoire (Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines)
Thèse publiée en 2020 aux PUL.