Bruno ROCHE « Lumières épicuriennes au “Siècle des Saints” » (HDR)

Bruno ROCHE soutiendra son Habilitation à Diriger des Recherches dans le cadre de l’IHRIM

Tuteur du candidat Antony McKENNA – Professeur émérite, UJM Saint-Étienne, IHRIM

Le jury sera composé de :
Emmanuel BURY – Professeur, Sorbonne Université
Antony McKENNA – Professeur émérite, UJM Saint-Étienne, IHRIM
Isabelle MOREAU – MCF, ENS de Lyon, IHRIM
Pierre-François MOREAU – Professeur émérite, ENS de Lyon, IHRIM
Sylvie PUECH-BALLESTRA – Professeure, Université Nice Sophia Antipolis
José TURPIN – Professeure émérite, Université Paris-Est Créteil

Résumé

De La Mothe Le Vayer à Molière et à La Fontaine, un épicurisme diffus semble se propager dans l’espace de la République des lettres, assez largement pour constituer, aux yeux de nombreux chercheurs, l’arrière-fond du paysage littéraire du XVIIe siècle. De fait, la critique a souvent pointé la présence de philosophèmes épicuriens dans les œuvres de ces trois auteurs. Mais qu’y deviennent-ils ? se banalisent-ils, se métamorphosent-ils en simples éléments décoratifs sous la plume d’écrivains marqués par la galanterie et avant tout soucieux de plaire à leur nouveau public ? Il n’en reste pas moins que la doctrine épicurienne affiche, sur la définition du plaisir, sur la mortalité de l’âme ou sur la négation de la Providence, des idées qui heurtent de front les dogmes chrétiens. Dès lors la question se pose de savoir comment les auteurs reprennent à Épicure et à Lucrèce leur projet fondateur de thérapeutique des craintes et leur morale du plaisir. Comment ces lecteurs et continuateurs du poète et philosophe romain accueillent-ils ces idées et ces valeurs hétérodoxes dans le monde chrétien qui est le leur ? La cohérence libertine de leur propos semble se construire, discrètement mais sûrement, sous le lumineux patronage de Lucrèce, autour de points de pression à partir desquels ils reconfigurent et revivifient le message épicurien, qui reste antichrétien dans ses conséquences.

Parallèlement, ce travail voudrait contribuer au réexamen critique des catégories esthétiques ou philosophiques trop rigides, en donnant à voir les nombreuses passerelles reliant, sans rupture de continuité, le libertinage érudit d’un La Mothe Le Vayer et l’esthétique galante, à l’essor de laquelle participent ces supposés pourvoyeurs en divertissements, Molière et La Fontaine, dont on espère avoir montré la profondeur et la puissance spéculative de leurs fictions.

Voir la publication de l’HDR.