Danser l’opéra hors de scène


Organisation et contacts : Marie DEMEILLIEZ (Univ. Grenoble Alpes) et Thomas SOURY (Univ. Lumière Lyon 2)

Hubert HAZEBROUCQ : « Les airs d’opéra chorégraphiés : exemplarité et transferts »
De nombreuses danses notées selon le système Feuillet, manuscrites ou publiées reprennent des musiques issues d’œuvres créées à l’Opéra, hors de leur contexte d’origine. Il s’agira d’observer ces différentes modalités d’appropriation ou de réinterprétation, ainsi que leurs enjeux esthétiques, mais également de repérer comment ces danses s’intègrent dans un réseau plus vaste de pratiques associées à ces airs, entre mise en exergue et détournement.

Hubert HAZEBROUCQ, initialement danseur contemporain à Lyon (avec Kilina Crémona de 2001 à 2007), est depuis 1998 danseur et chorégraphe spécialisé en danses anciennes, Renaissance et Baroque. Interprète notamment pour Christine Bayle et Marie-Geneviève Massé, il est depuis 2008, chorégraphe pour la Compagnie Les Corps Éloquents. Régulièrement invité pour des démonstrations de répertoires ou des créations dans des lieux patrimoniaux prestigieux (Versailles, Musée National de la Renaissance, etc.), et par de nombreux festivals internationaux, dont Oude Muziek Utrecht, il collabore avec des ensembles reconnus, tels Doulce Mémoire (« Magnificences à la cour de François 1er », Chambord...), ou encore Orchestra of the Age of Enlightenment, et chorégraphie en 2022 dans le cadre du projet Le Malade Imaginaire par le Théâtre Molière Sorbonne. Professeur de danse contemporaine diplômé d’État, il donne régulièrement des master classes, en particulier pour des musiciens ou dans des universités françaises ou étrangères (Philadelphie, Cornell-Ithaca, etc.), et enseigne depuis 2021 la danse ancienne au CRR de Paris. Chercheur indépendant, titulaire d’un Master 2 sur la danse de bal vers 1660, il publie plusieurs articles sur la technique et la poétique de la danse entre 1450 et 1800. Il a reçu trois fois l’Aide à la Recherche et au Patrimoine en Danse du Centre National de la Danse.

Marie GLON : « Danses gravées »
Au début du XVIIIe siècle apparaît un nouveau type d’« objet dérivé » des représentations d’opéra : il s’agit des « danses gravées » établies à Paris par Raoul-Auger Feuillet, qui transcrit des danses – dont une bonne part a été interprétée à l’opéra – au moyen de la Chorégraphie ou l’art de décrire la dance, dont il a publié les principes en 1700. Cette séance sera l’occasion d’approcher les enjeux de ces objets voués à circuler.

Marie GLON, maîtresse de conférences en Danse à l’université de Lille, a terminé en 2014 une thèse d’histoire intitulée Les Lumières chorégraphiques. Les maîtres de danse européens au cœur d’un phénomène éditorial (1700-1760), sous la direction de Georges Vigarello (École des Hautes Études en Sciences Sociales). Ce travail, croisant l’étude des pratiques des danseurs, l’histoire du corps et l’histoire du livre, portait sur la Chorégraphie ou l’art de décrire la dance, premier grand système d’écriture de la danse, publié à Paris par Raoul-Auger Feuillet en 1700 : il s’agissait de mettre à jour les pratiques liées à la Chorégraphie au XVIIIe siècle et de comprendre les reconfigurations que ces pratiques occasionnèrent dans le milieu de la danse. Elle dirige actuellement, avec Emmanuelle Delattre- Destemberg et Guillaume Sintès, le projet ANR EnDansant, consacré à l’histoire des enseignant- es en danse du XVIIe siècle à nos jours.


Dès le début de son histoire, l’opéra français suscite la fabrication et la diffusion de nombreux objets, parallèlement aux représentations de l’Académie royale de musique : morceaux choisis d’airs à chanter ou à jouer, arrangements et transcriptions font la joie des amateurs de musique, tout en représentant d’intéressantes opportunités commerciales pour les éditeurs, arrangeurs et copistes. Parodies profanes et spirituelles donnent une nouvelle vie à de nombreux fragments d’opéras. Estampes ou gravures conservent et diffusent le souvenir visuel des spectacles. 
Cette importance des produits dérivés reste encore peu étudiée pour les xviie et xviiie siècles. Elle soulève diverses questions que les différentes séances de ce séminaire envisageront tour à tour, qu’il s’agisse de la fabrication, de la diffusion et des usages de ces produits : pratiques musicales et éditoriales, sélections des extraits choisis, lieux et pratiques de ce répertoire, questions de droit d’auteur.

Informations pratiques
Les six séances du séminaire se tiendront alternativement à l’université Grenoble Alpes et à l’université Lumière Lyon 2 : à chaque fois, deux intervenants présenteront une communication sur une thématique partagée, devant un public d’étudiants et de collègues intéressés. Toutes les séances seront retransmises en visio-conférence (liens zoom disponibles sur le site de l’IHRIM les jours précédents, ou sur demande).

Lieux
Grenoble : UGA, Maison des langues et des cultures, salle Jacques Cartier, Domaine Universitaire de Grenoble
Lyon : Univ. Lumière Lyon 2, département de musicologie, 3 rue Rachais, 69003 Lyon