EN LIGNE - Stratégies commerciales : l’eau dans tous ses états


Séance commune avec le séminaire “Histoire de la médecine, des savoirs sur le corps et de la mort” de l’EHESS 
Mathilde MARTINAIS (ICT, Université de Paris) : « Bains liquides ou bains de vapeurs : concurrences thérapeutique et commerciale entre deux états de l’eau (France - premier XIXe siècle) » 
Philip RIEDER (IEH2, Université de Genève) : « La pharmacie Gosse et les eaux minérales artificielles à Genève (1789-1805) » 

Séance commune avec le séminaire « Histoire de la médecine, des savoirs sur le corps et de la mort »

LE RÉSUMÉ DES COMMUNICATIONS
« Bains liquides ou bains de vapeurs : concurrences thérapeutique et commerciale entre deux états de l’eau (France – premier XIXe siècle) »
Mathilde MARTINAIS (ICT, Université de Paris)
Entendu comme « l’immersion d’un corps dans un fluide quelconque » (Guietand George, Essai d’un mémoire raisonné sur l’usage et la propriété des bains de vapeur, Paris, Le Becq, an X, p. 4), le bain s’administre dans la France du premier XIXe siècle non seulement sous forme liquide mais également sous forme vaporeuse, et ce de façon croissante. Les établissements offrant ce dernier type d’immersions à des fins thérapeutiques se multiplient alors dans les villes (Paris, Lyon, Toulouse, Reims). Des vapeurs d’eau chargées en minéraux y sont administrées à l’aide de diverses machines pour notamment guérir les dartres, la goutte, les rhumatismes ou encore la paralysie. Ce sont ces mêmes maladies que les cures thermales se proposent de soigner grâce à des bains traditionnels. Se dessine alors une concurrence entre deux thérapeutiques agissant pourtant différemment : alors que la vapeur stimule le mouvement excentrique des fluides corporels, les bains liquides, au contraire, favorisent leur concentration sur les organes internes. Cette dynamique serait la cause de la dégradation de l’état de santé des patients se rendant aux eaux à en croire les rédacteurs de brochures promouvant les établissements fumigatoires. Partiellement justifiées par des arguments médicaux, ces accusations relèvent surtout du topos dissimulant les véritables enjeux commerciaux qui mettent aux prises deux cures proches et souvent complémentaires. Celles-ci sont d’ailleurs réunies dans l’établissement balnéo-fumigatoire du médecin lyonnais Toussaint Rapou, dont le cas met en évidence la dimension économique de la concurrence entre ces deux thérapeutiques.

« La pharmacie Gosse et les eaux minérales artificielles à Genève (1789-1805) »
Philip RIEDER (IEH2, Université de Genève)
L’engouement pour les eaux-minérales est attesté par différentes sources à la fin de l’Ancien Régime. Les médecins en confèrent longuement avec des malades avant de les envoyer faire une cure ou de leur proposer de boire des eaux issues d’une source choisie avec soin. Comment cette mode s’intègre-t-elle dans les pratiques de consommation médicamenteuse ? Que consomment, au final, les malades ? Quelles sont les enjeux financiers ? Dans quelle mesure les eaux-minérales factices répondent-elles à cette demande ?Ces questions, et bien d’autres encore, seront abordées au travers de l’étude des différentes entreprises de Henri Albert Gosse, un chimiste et pharmacien genevois qui ouvre sa boutique en 1789 et crée, en 1790, avec ses associés Paul et Schweppe, une Compagnie de production d’eaux minérales factices. Le livre de comptes de la pharmacie, de fait les comptes de clients qui achètent à crédit, permet de reconstituer les achats fait par des clients à la pharmacie. Les sources relatives aux activités de la Compagnie des eaux sont l’occasion de reconstituer les projets techniques et chimiques de la Société, ainsi que ses objectifs économiques et ses prises de position médicales.

Pour plus d’informations


LARCA (UMR 8225) et ICT, Université de Paris, IHRIM (UMR 5317), Université Clermont Auvergne 
Avec le soutien du Labex Comod, de l’IUT Clermont Auvergne et de la Ville de Vichy
 
Un séminaire organisé par Samuel CUISINIER-DELORME (MCF, Université Clermont Auvergne), Sophie Vasset (MCF, Université de Paris) et François Zanetti (MCF, Université de Paris). 

Carnet Hypothèses (en cours de construction)