Estimating, Locating, and Comparing Mental Disorders in the Second Part of the Twentieth Century : Psychiatric Epidemiology in Historical Perspective
Organisé par Emmanuel DELILLE (Collegium de Lyon) et Samuel LÉZÉ (IHRIM-ENS de Lyon)
Workshop Collegium de Lyon/IHRIM-UMR 5317, Équipe DSM-ENS-Lyon
L’épidémiologie psychiatrique – discipline scientifique qui étudie la distribution des troubles mentaux dans la population – s’est imposée dans le paysage scientifique pendant la seconde partie du XXe siècle. Mais contrairement aux savoirs de la psychiatrie, de la psychologie et de la psychanalyse, l’épidémiologie psychiatrique n’a pas encore été explorée de manière systématique par les historiens, notamment en raison d’une professionnalisation tardive. Plusieurs facteurs peuvent contribuer à expliquer cette relative « invisibilité » : la standardisation récente des méthodes, des traditions scientifiques locales différentes, la logique nationale des politiques de santé publique, la diversité des lieux d’observation (études urbaines ou rurales, comparaisons entre communautés voisines, population insulaire, cohortes) ou encore le type d’interdisciplinarité mis en œuvre dans la communauté scientifique (médecine, psychologie, sociologie, anthropologie, biostatistique). Ces éléments attestent aussi la richesse de sources possibles, ce qui implique de s’interroger sur la façon de faire l’histoire de cette discipline méconnue. Comment l’écrire ? En commençant par la description de fonds d’archives institutionnelles de grandes agences nationales (INSERM, NIHM, etc.) et d’équipes universitaires ? En suivant les acteurs pour établir une prosopographie des principaux leaders et analyser les réseaux internationaux de l’épidémiologie psychiatrique ? Ou bien en reconstruisant l’histoire des pratiques de collecte de données sur le terrain ? Faut-il privilégier les grandes enquêtes (Stirling County Study, Isle of Wight Studies, etc.) comme cas d’étude ou d’abord s’interroger sur la réappropriation des questionnaires issus de la psychologie (screening) et des indicateurs épidémiologiques classiques (prévalence, incidence, facteurs de risque), adaptés aux problématiques de santé mentale ? Ces questions seront au centre de cette journée d’étude réunissant des chercheurs en sciences sociales intéressés par l’histoire de l’épidémiologie psychiatrique, ainsi que les épidémiologistes eux-mêmes, étudiants en médecine, médecins psychiatres et psychologues, qui souhaitent participer aux échanges sur les enjeux historiques de ce champ professionnel.
Psychiatric epidemiology – the study of the distribution of mental disorders within a population – emerged on the scientific scene during the second half of the 20th century. However, unlike the fields of psychiatry, psychology, and psychoanalysis, psychiatric epidemiology has yet to be studied by historians, largely due to the fact that it was only professionalized much later. Several factors can explain the field’s relative “invisibility” : the still recent standardization of its methods, the diversity of local scientific traditions, nations’ varying public health policies, the range of different sites for observation (rural or urban studies, comparisons between neighbouring communities, insular populations, cohorts) as well as the varieties of interdisciplinary studies implemented within the scientific community (medicine, psychology, sociology, anthropology, biostatistics). These elements highlight the diversity of potential sources, and thus necessarily bring forward the question : how should one go about writing a history of this largely unrecognized field ? By starting with a description of the institutional archives of large national agencies (INSERM, NIMH, etc.) and universities ? By paying attention to the leading figures of the field in order to analyse international networks of psychiatric epidemiology ? Or rather by piecing together the history of on-site data collection ? Should the focus be on larger inquiries (Stirling County Study, Isle of Wight Studies, etc.) as case studies, or should the practice of adapting questionnaires derived from psychological studies (screening) and classic epidemiological indicators (prevalence, incidence, risk factors) to mental health issues first be examined ? These questions will be central to our seminar, which will bring together researchers from the social sciences interested in the history of psychiatric epidemiology as well as the epidemiologists themselves, medical students, psychiatric doctors and psychologists, in order to exchange ideas on the subject of the historical importance of this professional field.