Franck GUARNIERI, « Fukushima : décider en situation extrême »

Franck GUARNIERI, Professeur à l’Ecole des Mines de Paris, Directeur du Centre de Recherche sur les Risques et les Crises (Mines-ParisTech). Il développe une approche ingénierique des situations extrêmes en mobilisant largement les sciences sociales. Il est le grand spécialiste de l’accident nucléaire de Fukushima au Japon. Il propose la résilience comme nouveau paradigme pour aborder la question de la sécurité nucléaire.
Guarnieri F., Travadel S., 2018, Un récit de Fukushima, le directeur parle, PUF, Paris.
Ahn J, Guarnieri F, Furuta K (Eds.), 2017, Resilience : A New Paradigm of Nuclear Safety. Cham:Springer.

Voir l’enregistrement vidéo de cette séance


Depuis toujours, l’extrême s’invite dans nos sociétés, nos économies et nos organisations. Il a une face sombre, ancestrale qui s’impose à nous. Il prend la forme de la guerre, de l’épidémie, de la famine, de l’ouragan, de l’inondation, de l’éruption volcanique, et puis plus récemment du risque industriel, et de l’émergence de l’anthropocène.

L’éruption volcanique est ambivalente, car elle est aussi un spectacle grandiose, expression de la terre vivante que l’on peut se donner comme objectif d’exploration. Elle dévoile une autre face de l’extrême, plus lumineuse, c’est l’extrême voulu. Dans cette catégorie, on peut aussi ranger l’exploration du monde au travers des expéditions maritimes, polaires, en haute-montagne ou spatiales, mais aussi tout ce qui relève de l’invention et de la découverte scientifique et technique. C’est le projet en environnement extrême, en d’autres termes, le projet d’exploration.

Une réflexion récente s’est engagée en sciences sociales autour de l’extrême pour proposer un cadre intégrateur d’une variété de travaux (Bundy et al., 2017 ; Hällgren et al., 2018 ; Lièvre et alii, 2020 ; Williams et al., 2018). Il s’agit de proposer d’ordonner un certain nombre de notions comme le risque, l’urgence, la crise, la catastrophe, la résilience, en prenant l’extrême comme porte d’entrée. Par exemple, si l’on suit les travaux de Lièvre et alii (2020), une situation est dite extrême parce qu’elle est une combinaison d’une rupture, de l’incertitude et du risque. L’urgence émerge en rapport avec une pression temporelle. La crise traduit l’incapacité à faire face à la situation. La catastrophe, quant à elle, documente l’échelle des conséquences négatives de cette situation.

Différents paradigmes sont proposés pour manager les situations extrêmes, comme celui de la vulnérabilité et, plus récemment, celui de la résilience. L’objet de ce séminaire est triple : il est d’abord de donner à voir divers cadres intégrateurs autour de l’extrême, mais aussi de faire apparaître différents types de situations extrêmes et enfin, de documenter différentes manières de faire face à la situation.

Sous la responsabilité scientifique de Pascal Lièvre, professeur émérite en sciences de gestion au CleRMa, Université Clermont Auvergne, le séminaire de la Maison des Sciences de l’Homme de Clermont-Ferrand (UAR 3550) « Situations extrêmes et résilience » se veut interdisciplinaire et réunit notamment des chercheurs du CleRMa (Emmanuel Bonnet, Eléonore Mérour), du laboratoire ACTé (Simon Boyer, Michel Recopé, Géraldine Rix-Lièvre), du laboratoire LMV (Benjamin Van Wyck de Vries), et de l’IHRIM (Sophie Lemercier-Goddard).