

Héloïse FAUCHERRE-BURESI « Musique, nation et Mezzogiorno : les contre-chants de l’Unification italienne dans le second XIXe siècle »
Thèse en Études italiennes (IHRIM, Université Lyon 3) en cotutelle avec l’Università di Padova, sous la direction de Céline FRIGAU MANNING et Carlotta SORBA.
Composition du jury :
- Perle ABBRUGIATI (Professeure des universités, Aix Marseille Université, France, Rapporteure)
- Emanuele SENICI (Professore ordinario, Université Sapienza, Rome, Italie, Rapporteur)
- Xavier TABET (Professeur des universités, Université Paris 8, France, Examinateur)
- Carmine PINTO (Professore ordinario, Université de Salerne, Italie, Examinateur)
- Céline FRIGAU MANNING (Professeure des universités, Université Jean Moulin Lyon 3, France, Co-directrice de thèse)
- Carlotta SORBA (Professore ordinario, Université de Padoue et Institut universitaire européen, Italie, Co-directrice de thèse)
Résumé :
« Je me regarde, et chose étrange : / je suis né en Sicile, et je suis italien » : voilà les mots du poète populaire sicilien Giuseppe Cutello dans un chant circulant dans la région de Raguse au cours des années suivant la proclamation de l’Unité italienne (1861). Au même moment, on peut entendre résonner à Naples « Victor va-t-en, t’es un voleur », ou encore, cette fois-ci dans les Pouilles, « Garibaldi est un lâche et un traître ». Les regards posés sur l’actualité politique par ces chants des différentes régions de l’ancien Royaume des Deux-Siciles sont caractérisés par un sentiment d’étrangeté et d’incompréhension quant à la nouvelle identité italienne, et par une vive colère envers les artisans de l’unification et les dirigeants du pays. En effet, si les notes du Va pensiero de Giuseppe Verdi ou de l’hymne de Goffredo Mameli ont marqué l’histoire du Risorgimento et, surtout, la narration et l’imaginaire qui lui sont liés, on sait peu de choses de la musique ayant critiqué l’unification. Que chantaient les populations du Mezzogiorno au moment de l’unification nationale italienne ? Dans quelle mesure les chants populaires du sud de l’Italie de la seconde moitié du XIXe siècle sont-ils producteurs et vecteurs de représentations critiques sur l’Unité et sur l’actualité politique des décennies post-unitaires ? Au croisement des études italiennes et de l’histoire des représentations, la thèse « Musique, nation et Mezzogiorno : les contre-chants de l’Unification italienne dans le second XIXe siècle » se propose de répondre à ces questions en analysant un corpus de documents de l’oralité populaire, collectés pour la plupart par des folkloristes de l’Ottocento, mais également enregistrés, dans une moindre mesure, au cours des campagnes anthropologiques et ethnomusicologiques de la seconde moitié du XXe siècle. Il s’agit ainsi d’étudier la réception critique d’un moment-clé de l’histoire italienne – l’unification du pays – par les populations du Mezzogiorno, à travers le chant populaire.