« Invisibilities of the US South » Marc-Philippe BRUNET (Univ. Toulouse Jean Jaurès) and Maarten ZWIERS (Univ. of Groningen)


Organisation : Alice BORREGO (université Paul Valéry Montpellier 3, EMMA), Héloïse LECOMTE (ENS de Lyon, IHRIM)

Marc-Philippe BRUNET (University of Savoie - Mont Blanc) - Indexicality and self-censorship : Invisibility from a sociolinguistic perspective

In North-America, the variety of English spoken in the Southern states (Southern American English, hereafter SAE) is overwhelmingly considered to be one of the most incorrect breed of American English by a large proportion of Americans—including speakers of SAE. Southern speech is regarded as generally inferior to the linguistic standard and particularly inapt for formal contexts, wherein exhibiting such features is frequently derided. However, far from leading to invisibility from a linguistic point of view, Southern American English gives rise to an excessive and unwanted visibility of its speakers. Paradoxically, the erasure of marginal speakers does not come with the invisibility of their linguistic patterns, but rather with the disproportionate salience of their speech. As a result, SAE linguistic features are highly indexical, insofar as they are systematically associated to specific socio-demographic groups and to attributes these groups are assumed to have. In this t alk, I would like to explore this seemingly conflicting sociolinguistic facet—that invisibility leads to higher linguistic visibility, and vice-versa. In particular, we will be studying the range of social indexes that come with Southern speech (such as associations to “rednecks”, “hillbillies” or “ignorants”), as well as the variety of sociolinguistic behaviors speakers display, from self-censorship and linguistic insecurity to mutism. Results show that Southern speakers are structured by their acute awareness of the salience of their speech and react accordingly, which is indicative of their conscious attempts to redefine their identity.

Maarten ZWIERS (University of Groningen) - In the Shadow of the Plantation Complex : Lives Made Visible in the Racial Ecology of the Rural U.S. South

The plantation complex shaped society in the southern United States. During the nineteenth century, as the cotton frontier moved westward, the power dynamics of the plantation formed a blueprint for socioeconomic relations in the South : a gendered and racialized system that primarily benefited a small elite. The U.S. Civil War led to the abolition of slavery—the bedrock of the South’s economy—but plantation patterns persisted in the southern states, especially in extractive industries such as large-scale farming and oil drilling. In my presentation I intend to explain how these patterns continued to determine life in the post-World War II South, despite the declining importance of plantation agriculture in the region and the end of institutionalized racial segregation in the 1960s. The focus will be on the Deep South states of Louisiana and Mississippi, in particular the Plantationocene geography of the Lower Mississippi River Basin. Whose voices dominated and wh ose were stifled in this specific racial ecology ? What kind of mechanisms determined such processes of amplification and simultaneous silencing ? And which counter-plantation projects made injustice inflicted on humans and other-than-humans visible ?


Informations pratiques
Séminaire mensuel, interdisciplinaire et international en ligne – le jeudi de 18h à 20h
**Langue : ANGLAIS
Pour obtenir les liens de connexion et s’inscrire à la mailing-list : invisibilitysilence
https://invisibilitysilence.wordpress.com

Partenaires internationaux
university of Amsterdam, Professor Esther Peeren (ASCA)
Ludwig-Maximilians University in Munich, Dr. Gero Guttzeit

Ce séminaire interdisciplinaire et international propose d’étudier la façon dont certains individus ou groupes sont victimes d’invisibilisation sociale et réduits au silence. L’invisibilité sociale est le fruit de rapports de pouvoir, où l’idéologie dominante (portée par un (ou des) groupe(s) / un (ou des) individus) s’attache à faire taire les plus précaires et les plus vulnérables, à des fins politiques, économiques ou sociales. Les voix des précaires, « au dehors du pouvoir » (Le Blanc 2009), sont discréditées par celle de la majorité et finissent par sombrer de plus en plus dans le silence. Ce processus conduit dès lors à une dépossession sociale, politique mais également psychologique, allant jusqu’à la déshumanisation de ces populations. Les discours et pratiques normatifs engendrent des relations asymétriques qui empêchent les populations vulnérables de « faire œuvre » (Le Blanc 2009) et d’exister pleinement. Les avatars de la non-conformité, tels que les minorités, les immigrants, les femmes mais également les invalides et les pauvres, entrent en dissonance avec les dynamiques oppressives et normatives de nos sociétés : cette divergence soulève ainsi la question de la représentation sociale et politique des vies invisibles et inaudibles. Les événements récents de 2020 et 2021, qui ont particulièrement touché les communautés noires et asiatiques aux États-Unis et en Europe, réaffirment le besoin de répondre aux questions d’intégration, de reconnaissance et de visibilisation soulevés par de telles inégalités.
Un tel projet de recherche nécessite de toujours se demander si certains groupes (y compris les chercheurs et membres des communautés scientifiques), en prenant la parole pour l’autre, ne participent pas eux-mêmes à son effacement et à son silence. Ce séminaire a ainsi pour but de remettre en cause la façon dont nous abordons les vies invisibles et des voix inaudibles, notamment en s’interrogeant sur les cadres discursifs qui leur permettraient de s’exprimer librement ou de disparaître sciemment. L’instauration d’un dialogue autour de l’invisible et de l’inaudible est essentiel pour décentrer et reconduire le pouvoir aux populations marginalisées, pour favoriser la diversité et la polyphonie, dans un contexte néolibéral, basé sur l’individualisme et l’indifférence, crée « un monopole de la voix dont les effets de narration contribuent davantage à rendre certaines vies invisibles. » (Le Blanc 2009).
Nous souhaitons examiner ces processus d’invisibilisation et de réduction au silence à travers différents cadres théoriques et méthodologiques : la littérature, la musique, le cinéma, les études culturelles et visuelles, l’histoire, la sociologie et la philosophie. Ces sources seront précieuses pour nous permettre de comprendre au mieux les vies invisibles et les voix inaudibles : comment se définissent les processus d’invisibilisation et de réduction au silence ? Qui détermine le visible et l’invisible ? Le silence et l’invisibilité peuvent-ils être des choix délibérés, des actes de résistance ? L’art peut-il être un moyen de donner une nouvelle voix et une nouvelle visibilité aux laissés-pour-compte ? Ou est-il lui aussi victime des relations de pouvoir qui génèrent l’invisibilité ?
Ce séminaire commence en novembre 2021 et se tiendra exclusivement en ligne (en anglais) en 2021-2022. Chaque mois, deux chercheurs de disciplines différentes présenteront leurs travaux sur un thème commun, en lien avec l’invisibilité et le silence. Ces présentations seront suivies de discussion avec le public.