Julia SICCARDI « En quête de transculturalisme : l’écriture de l’altérité dans les œuvres de Chimamanda Ngozi Adichie, Monica Ali, Bernardine Evaristo, Jhumpa Lahiri et Zadie Smith »

Le jury est composé de :
Mme Catherine LANONE, Professeure, Université Sorbonne-Nouvelle Paris 3. Rapporteure.
Mme Fiona MCCANN, Professeure, Université de Lille.
M. Alexis TADIÉ, Professeur, Sorbonne Université.
M. Gilles TEULIÉ, Professeur, Université d’Aix-Marseille. Rapporteur.
Mme Vanessa GUIGNERY, Professeure, ENS de Lyon. Directrice de thèse.

Résumé
Depuis une vingtaine d’années, le transculturalisme jouit d’une certaine popularité tant dans le domaine des sciences sociales qu’au sein des études littéraires. Il semble dessiner une voie pour sortir des binarismes que la théorie postcoloniale a soulignés, voire renforcés. Pourtant, l’analyse de romans transculturels contemporains que propose cette thèse fait apparaître une certaine difficulté à échapper aux oppositions binaires et aux pensées racinaires, et invite à interroger le concept de transculturalisme à la lumière de la notion d’altérité. Dans un premier temps, cette étude entend montrer que les manifestations du transculturalisme dans les lieux et espaces occidentaux publics comme privés mettent au jour divers obstacles à la formation d’un sentiment d’appartenance et à la création d’un chez-soi harmonieux pour les personnages transculturels. Ces résistances peuvent s’expliquer par l’omniprésence et la persistance de formes d’altérité, que les autrices du corpus explorent à travers des procédés d’écriture variés. Ceux-ci donnent une visibilité à divers processus d’altérisation et encouragent le lectorat à partager l’expérience de l’autre. Finalement, la thèse suggère que la forme fictionnelle du transculturalisme permet de subvertir l’hégémonie des discours occidentaux et de valoriser la transculturalité des espaces, à laquelle les autrices elles-mêmes contribuent, engagées qu’elles sont dans la société (par le biais des réseaux sociaux, d’associations, de postes de professeures ou autres). Il est alors proposé de lire les romans transculturels du corpus selon une approche décoloniale qui suggère des moyens de créer une place pour une parole minorisée.

Mots-clés : transculturalisme, altérité, littérature contemporaine anglophone, décolonialité

Abstract
For the past twenty years, transculturalism has attracted increasing interest in the social sciences as well as in the literary studies. This concept seems liable to open a way out of the binaries that postcolonial theory pointed to and maybe even emphasised. However, this analysis of contemporary transcultural novels sheds light on the difficulty to escape binary oppositions and root thinking. It leads to reevaluating the concept of transculturalism, using the notion of alterity. First, this study aims at conveying how manifestations of transculturalism in public and private Western spaces hinder the formation of a feeling of belonging and the creation of a home by transcultural characters. Such resistance can be explained by the omnipresence and persistance of forms of alterity or otherness, which the authors explore through a wide variety of writing devices. The writing tends to highlight processes of alterisation and encourages readers to share the experience of the other. Finally, it is suggested that the fictional form of transculturalism allows to subvert the hegemony of occidental discursive practices. Fiction may also help to enhance the transculturality of social spaces, as the authors themselves contribute to it by their social commitment, be it on social media, in associations or as university professors. The transcultural novels of this corpus may thus be read according to a decolonial approach which conveys the means to make room for the subaltern to speak.

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