Julian LEMBKE « Noyau et Ramification – Dramaturgie lyrique dans les opéras d’Aribert Reimann »
Jury :
M. Emmanuel REIBEL (ENS de Lyon). Directeur de thèse
M. Laurent FENEYROU (CNRS). Co-directeur de thèse
M. Wolfgang RATHERT (Université Ludwig-Maximilian Munich, Institut de musicologie). Rapporteur
M. Giordano FERRARI (Université Paris 8). Rapporteur
Mme Muriel JOUBERT (Université Lumière Lyon 2). Examinatrice
Mme Viviane WASCHBÜSCH (Université Jean Monnet Saint-Étienne / Laboratoire ECLLA). Examinatrice
Résumé :
La thèse de doctorat en musicologie de Julian Lembke, intitulée Noyau et Ramification – Dramaturgie lyrique dans les opéras d’Aribert Reimann, porte sur l’œuvre lyrique intégrale du compositeur allemand Aribert Reimann (1936-2024). Elle représente la première étude consacrée à ce corpus de neuf opéras dont plusieurs figurent parmi les plus joués aux xxe et xxie siècles. L’œuvre de Reimann constitue une alternative à l’avant-garde prépondérante des années 1950 et 1960, et cela malgré la présence d’influences significatives, dont Arnold Schoenberg et Alban Berg. Dans sa démarche de compositeur, Reimann s’inspire systématiquement d’œuvres littéraires et montre une grande sensibilité aux enjeux techniques, esthétiques et socio-politiques de celles-ci. Certains aspects de ses prédilections littéraires trouvent leurs racines dans ses expériences pendant la Seconde Guerre mondiale et la guerre froide. Dans ses œuvres lyriques, à deux exceptions près, Reimann s’intéresse à des auteurs dramatiques ainsi qu’à des romanciers de la période entre 1890 et 1936 : August Strindberg, Yvan Goll, Franz Werfel, Franz Kafka, Federico García Lorca, ainsi que William Shakespeare et Franz Grillparzer. Le présent travail a pour but d’identifier, analyser et classifier les principes d’écriture et de dramaturgie de ces œuvres, et d’établir leur lien avec les textes sources. Il s’agit de définir comment la structure, le climat littéraire et l’expression de ces derniers se sont répercutés sur la conception de la musique, et dans quelle mesure celle-ci en tient compte ou s’en affranchit. Une réponse est apportée à la question de savoir si Reimann appartient au courant dit opéra littéraire, souvent décrit comme problématique car trop orienté sur des modèles littéraires prétendûment immuables. La première partie de l’étude présente les auteurs en fonction des aspects que Reimann retient dans leurs vies et leurs œuvres, et de sa réaction intellectuelle à celles-ci. Tous ces écrivains entretiennent des liens être eux, qu’ils soient directs ou indirects, d’ordre esthétique ou historique. Il s’agit des prémisses du travail d’analyse des opéras, définissant leur cadre littéraire et leurs enjeux sociétaux.
La deuxième partie est consacrée aux livrets et à la transformation en projet lyrique des idées et de la matière brute, exposés à travers la présentation des auteurs. On aborde la collaboration de Reimann avec des librettistes, les différences entre livret et texte source, ainsi que d’éventuelles resémantisations, l’impact de sa biographie sur le choix des sujets et leur interprétation, la typologie des personnages, le potentiel de représentation physique des mouvements psychiques des protagonistes, ainsi que les lignes de force structurelles. Enfin, la troisième partie propose l’analyse des opéras. Elle porte sur la réalisation finale, afin de retracer la transformation et le développement du livret par la musique, et le cas échéant, la cohérence ou la divergence entre les deux. Ainsi, elle complète et achève les considérations de la dramaturgie lyrique des œuvres. Le matériau et sa mise en œuvre – représentatif de la démarche de Reimann entre construction et liberté –, la vocalité, la relation entre texte et musique, entre récit et narrativité musicale, ainsi que la gestion du temps et de l’espace sonore en sont les éléments principaux. Quatre chapitres synthétiques traitent des enjeux de la traduction et des langues étrangères, de la vocalité et de la relation entre texte et musique, de l’évolution du style de Reimann, et de son esthétique. Ils systématisent des aspects récurrents dans les parties analytiques.
Mots-clés : opéra, littérature, dramaturgie, chant, musique contemporaine, sémiologie de la musique