L’aliénation : un concept socio-politique intersectionnel ?


Porteurs du projet

  • Ian BYRD (Ujm-se | Ihrim)
  • Camille SIGNES (Ujm-se| Ihrim)
  • Nina LUTZ (Ujm-se | Ihrim)
  • Théo FAVRE-ROCHEX (univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne | Hiphimo)
  • Mohamed Amine ASSARIKHI (Ujm-se | Eccla)
  • Daria PETLIAEVA (Ujm-Se | Triangle)

Projet junior rattaché à l’université Jean Monnet.

Actualités du laboratoire ANCOLI à suivre sur son carnet Hypothèses

Depuis sa théorisation dans la pensée marxiste, le concept d’aliénation s’est imposé comme un outil analytique central pour comprendre les rapports de domination. Il a ainsi nourri, de manière plus ou moins explicite, les réflexions féministes (Beauvoir, Guillaumin), queer (Wittig, Butler), décoloniales (Césaire, Fanon) et intersectionnelles (Spivak, Ahmed) aux XXe et XXIe siècles. Pourtant, ces approches mobilisent-elles véritablement un même cadre conceptuel ? L’aliénation y désigne-t-elle des réalités comparables ? Quels usages, quelles réinventions, voire quels déplacements, ce terme subit-il au contact de ces perspectives critiques ? Cette journée d’étude propose d’interroger les multiples visages de l’aliénation pour évaluer sa pertinence dans l’analyse contemporaine des oppressions croisées.

Programme de la journée

10h30 Conférence de Jean-Christophe ANGAUT (TRIANGLE| ENS Lyon)
« De Hegel à Marx ? Sur la genèse philosophique et historique du concept d’aliénation »

14h00 Conférence de Salima NAÏT-AHMED (CURAPP-ESS)
« Pour une théorie féministe de l’aliénation »

15h30 Table ronde, avec la participation de

  • Laurie HAFFAS
    « Crise spirituelle, crise matérielle : l’aliénation ré-élaborée par le marxisme juif-minoritaire de Siegfried Kracauer »
  • Jean-Marie CISUAKA
    « La pédagogie de la désaliénation coloniale face à la persistance de l’aliénation coloniale »
  • Daria PETLIAEVA
    « Aliénation et comportement politique : éléments de réflexion sur la société russe contemporaine »

Description

Créé au printemps 2024 en réponse à un appel à projets lancé par l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne, le laboratoire junior Ancoli (Aliénation(s) et Norme(s) : Croisement d’Outils Littéraires et Interdisciplinaires) mène des activités de recherche autour du concept d’aliénation et ses usages. Ce terme, dans son acception la plus large, désigne le fait de devenir étranger à soi-même et concerne des domaines aussi variés que la psychiatrie, le marxisme, ou encore les théories décoloniales et féministes. La question de l’aliénation nourrit également les champs de la création et de la réflexion esthétique.
Ce concept polysémique qui, après être devenu incontournable dans la pensée sociale et politique d’après-guerre au point de servir de mot d’ordre aux mouvements de 1968, a finalement fait l’objet de critiques légitimes dont nous aimerions préciser les contours.
Ainsi, dans une démarche ancrée dans le présent et tournée vers l’avenir, nous chercherons à interroger la pertinence et les usages actuels d’une notion qui suscite d’ores et déjà un regain d’intérêt en philosophie sociale. Pourquoi ce concept, naguère jugé obsolète, trouve-t-il encore une résonance aujourd’hui ? Dans quelle mesure peut-il être fécond de le redéfinir dans une perspective interdisciplinaire, en dialogue avec des problématiques plus récentes comme l’intersectionnalité ? Enfin, ce concept polysémique peut-il constituer un outil herméneutique fertile pour la théorie littéraire aujourd’hui ?
Tout au long de l’année 2024-2025, nous organiserons des tables rondes à l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne, chacune dédiée à un des champs d’application du concept d’aliénation, afin de questionner et redéfinir cette notion. Ces rencontres feront l’objet de comptes-rendus publiés sur notre carnet Hypothèses, dans le but de proposer des ressources accessibles à toutes et tous.