L’écriture du fragment dans la fiction britannique et américaine contemporaine

Proposals (300-400 words), together with a biographical note, should be sent to Wojciech Drąg and Vanessa Guignery by 15 March 2017.

Keynote speakers :
Dr Alison Gibbons (Sheffield Hallam University)
Dr Grzegorz Maziarczyk (John Paul II Catholic University of Lublin)
Dr Merritt Moseley (University of North Carolina at Asheville)

In 1968, Donald Barthelme had one of his narrators declare : “Fragments are the only forms I trust.” The last decades have brought a number of acclaimed novels in Britain and the US that illustrate their authors’ interest in fragmentary structures. David Mitchell constructed Cloud Atlas (2005) out of six stories with different settings, characters and generic features. David Markson produced an 800-page-long tetralogy, culminating in The Last Novel (2007), which juxtaposes several thousand succinct anecdotes and quotations with metafictional references to the elusive authorial figure. The year 2014 saw the publication of three notable fragmentary novels : Will Eaves’s The Absent Therapist – an amalgam of the voices of 150 speakers, Richard McGuire’s Here – a graphic novel created out of over 150 images (non-chronologically arranged) of the same location throughout several million years, and Jenny Offill’s Dept. of Speculation – an account of a marriage crisis narrated with the use of several hundred loosely connected paragraphs. As the example of Cloud Atlas – alongside those of Zadie Smith’s NW, Anne Enright’s The Green Road and, most recently, Julian Barnes’s The Noise of Time – demonstrates, fragmentation is not only the domain of niche, “experimental” writing.

Although it may have arguably earlier origins, fragmentation has been a vital aspect of twentieth- and twenty-first-century literature. Several canonical novels of modernism – such as Ulysses and The Waves – could be classified as fragmentary, since they are constructed in parts that refuse to cohere and as Gabriel Josipovici suggested, the fragmented form of modernist works may be seen as a response to the human need to escape linearity. More radical examples of fragmented novels were written in the 1960s and 70s by authors sometimes associated with postmodernism : J.G. Ballard, John Barth, Donald Barthelme, Robert Coover, B.S. Johnson and Gabriel Josipovici. Despite the fact that many renowned novelists have contributed to fragmentary writing, the term itself is rarely used in Anglophone criticism. The aim of our conference is to postulate a renewed engagement with fragmentary literature. We are particularly interested in contemporary writing and invite papers that approach chosen aspects of fragmentation in British and American fiction published over the last five decades (post-1966). We wish to examine the typical ingredients of the fragmentary mode (such as enumeration, non-linearity and the unconventional layout of the page), the mechanics of organising the disparate parts, and the various rationales for writing in fragments.

Proposals may consider but are not limited to :

* the extent to which fragmentation in contemporary literature borrows from modernist (or postmodernist) experiments and the degree to which it creates its own aesthetics,

* the correspondence between literary fragmentation and the social, political and technological reality of the contemporary world (e.g., Twitter fiction),
* the influence of various art forms (particularly the visual arts and cinema) on literary fragmentation (e.g., Joseph Frank’s notion of “spatial form” and Sharon Spencer’s conception of the “architectonic novel”),
* the fragmentation of a single monolithic reassuring voice into a myriad of voices,
* the physical fragmentation of the page,
* card-shuffle texts,
* forking-path narratives,
* novels built out of potentially self-contained parts (blurring the distinction between the novel and the collection of short stories),
* generic eclecticism and the aesthetics of mash-up,
* collage-like works, altered fictions and other examples of appropriation.

Conference fee : 75 euros

Scientific Committee :
Prof. Vanessa Guignery, Ecole Normale Supérieure de Lyon
Dr Wojciech Drąg, University of Wrocław
Dr Marcin Tereszewski, University of Wrocław
Organising Committee :
Prof. Vanessa Guignery, École Normale Supérieure de Lyon


Organisé par :
Vanessa Guignery (Ecole Normale Supérieure de Lyon)
et Wojciech Drag (University of Wroclaw)

Lien vers le site :

Le but de ce colloque international, organisé par un professeur de l’ENS de Lyon (Vanessa Guignery) membre du laboratoire IHRIM (UMR 5317), et Wojciech Drag de l’Université de Wroclaw en Pologne, est de s’intéresser à l’écriture du fragment dans la fiction britannique et américaine contemporaine. Dans La pensée fragmentée (1985), Raph Heyndels avance que la fragmentation caractérise la modernité : « La pensée se diffracte à l’image du réel qui s’émiette », note Hervé Pasqua. Comment représenter la fissure, la fêlure, la brisure du réel en littérature si ce n’est par une forme elle-même fragmentée ? C’est le constat auquel parvient l’écrivain américain Donald Barthelme en 1968 : « Le fragment est la seule forme qui m’inspire confiance ». Bien qu’elle ait des origines plus anciennes, la fragmentation constitue l’une des formes majeures de la littérature des XXe et XXIe siècles, en partie parce que, comme l’écrit Richard Ripoll dans L’écriture fragmentaire : théories et pratiques (2002), « l’écriture fragmentaire est un contre-pouvoir à la littérature officielle ». Plusieurs œuvres canoniques du modernisme (comme Ulysses de James Joyce ou Les Vagues de Virginia Woolf) sont emblématiques de cette écriture en éclats (dé)composée de morceaux qui rechignent à constituer un tout. Comme le suggère Gabriel Josipovici dans Whatever Happened to Modernism (2010), la forme fragmentaire des ouvrages modernistes peut être considérée comme la réponse au besoin d’échapper à une linéarité et une causalité contraignantes, emblématiques de l’épistémè victorienne dont il s’agit de s’écarter. Des exemples plus radicaux d’écritures fragmentaires se développent en Grande-Bretagne et aux États-Unis dans les années 1960 et 1970 avec des auteurs souvent associés à l’esthétique postmoderniste et au refus de la raison totalisante tels que J.G. Ballard, John Barth, Donald Barthelme, Robert Coover, B.S. Johnson et Gabriel Josipovici. Depuis les années 1980, de nouvelles modalités de l’écriture du fragment émergent chez des écrivains britanniques et américains qui déstructurent le texte sur un plan structurel, narratif, générique, esthétique, syntaxique et/ou stylistique. On les voit juxtaposer des milliers d’anecdotes et citations (The Last Novel de David Markson), faire se succéder 150 voix (The Absent Therapist de Will Eaves), proposer des centaines de paragraphes déconnectés (Dept. Of Speculation de Jenny Offill), ou encore mélanger 150 images sans respect de la chronologie (Here de Richard McGuire). Au-delà de ces exemples d’écriture que l’on pourrait dire expérimentale, des écrivains moins radicaux formellement ont intégré la fragmentation au cœur même de la structure narrative et temporelle de leurs ouvrages, faisant du fragment un élément qui n’appartient plus à la marge mais au centre (Cloud Atlas de David Mitchell, NW de Zadie Smith, The Green Road d’Anne Enright ou encore The Noise of Time de Julian Barnes).
Le propos de ce colloque est de comprendre les raisons de l’intérêt renouvelé pour l’écriture du fragment dans la littérature anglophone des cinquante dernières années en en analysant les modalités (fragmentation concrète de la page, déstructuration de l’objet-livre, éclatement des genres et des voix, effets de collage etc…) et la façon dont les œuvres contemporaines empruntent aux expérimentations modernistes et postmodernistes pour créer leur propre esthétique qui s’en inspire ou s’en éloigne. Il s’agira également d’étudier les liens éventuels entre la fragmentation dans la littérature des cinq dernières décennies, dont on peut dire qu’elle relève d’une poétique de la précarité et de la vulnérabilité, et la réalité sociale, politique et technologique du monde contemporain.