Le Temps du Roi


Séminaire interdisciplinaire récurrent dans le cadre de l’IHRIM et du LabEx COMOD, organisé par Delphine REGUIG, université Jean Monnet Saint-Étienne/ IUF

Programme

9h30 Mathieu DE LA GORCE (univ. Paris Nanterre)
La Table chronographique du père Gaultier. Le temps du roi en lignes et en colonnes.

10h30 Yann LIGNEREUX (Nantes Université)
La discordance des temps comme épreuve de l’absolutisme louis-quatorzien. La croisade n’aura pas lieu.

14h00 Judith LE BLANC (univ. de Rouen Normandie)
Les temps du roi au prisme de la politique-spectacle louis-quatorzienne : du ballet de cour à la tragédie en musique.

15h00 Hélène PARENT (univ. de Lorraine (Metz))
Le temps (révolu ?) du roi dans les cahiers de doléances de 1789.

16h00 Thibaut JULIAN (IHRIM / univ. Lumière Lyon 2)
Anticipations crépusculaires et régénération, de Mercier à Sylvain Maréchal (1770-1793).


Ce séminaire entend contribuer à mesurer à quel point la société française, voire européenne, évolue dans un cadre idéologique et imaginaire de la temporalité lié à l’exercice de la monarchie absolue telle qu’elle s’est constituée et affermie entre 1580 et 1789. Notre régime temporel est fondamentalement différent de celui de l’âge classique mais il dérive pourtant de la manière dont le discours sur l’histoire du pouvoir monarchique a été contraint de se transformer. Dans la période encadrée par les troubles des guerres civiles et la Révolution française, l’affirmation de la monarchie absolue a mis en crise la possibilité d’écrire son histoire : la gloire du roi, garante de la paix et de la stabilité du royaume, pouvait être montrée, notamment par les arts plastiques, mais ne pouvait plus être racontée, en raison des limites épistémique, éthique et rhétorique de l’éloge. L’échec répété de l’historiographie royale a donc déplacé les modalités discursives du récit de l’histoire du roi. Le séminaire a pour objectif de mettre au jour un discours collectif qui, en lieu et place de ce récit, a déployé un imaginaire et une politique de la temporalité. Il s’agit de décrire la constitution d’une idéologie du Temps qui tend à substituer à un établissement scientifique de l’histoire une configuration imaginaire de sa valeur. On cherchera à observer notamment, d’une part comment est devenue possible l’écriture d’une histoire qui ne soit pas recueil de faits et d’événements mais fabrique de symboles et de valeurs ; d’autre part comment la société de l’âge classique a créé les outils d’une mesure non chronologique du temps et comment ce modèle d’intelligibilité a fondé notre présent. Car l’enjeu est aussi de mesurer les modalités de la transmission d’un tel modèle et la transformation d’un tel héritage pour la représentation de la temporalité comme cadre de l’exercice du pouvoir et de la vie politique.