Les compagnons de la Croix-­Rousse : qu’est-­ce qu’une série culte ?

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Le colloque est organisé par le groupe PRALIJE

Contacts
Anne-­Marie Mercier Faivre,
Professeur des Universités, Littérature Française, Université Lyon 1

François Quet,
Maitre de Conférence, Littérature Française, Université Lyon 1

Entre le Club des Cinq et le Clan des sept, il y a les Six Compagnons. De 1961 à 1978, Paul-­Jacques Bonzon a raconté, avec une grande régularité, les aventures d’une bande d’enfants, qui ont rivalisé avec le succès des séries anglosaxonnes publiées chez le même éditeur (Hachette). Enfants de milieux populaires, les compagnons sillonnent à bicyclette, puis à vélomoteur les pentes de la Croix-Rousse, les faubourgs de Montélimar, les environs de Lyon (Les Dombes, Villefranche…), les grottes ardéchoises, les plateaux du Vercors, ou les abords du Léman. Ils résolvent des énigmes criminelles, déjouent les plans de saboteurs, espions ou malfrats, restituent les biens de familles au bord de la misère, rétablissent les droits de l’orphelin dans un monde où persistent les blessures de la guerre. Le succès de la série ne se dément pas puisqu’aux 38 titres écrits et publiés par Bonzon lui-même s’ajoutent quelques livres écrits par des continuateurs, puis des rééditions multiples jusqu’à aujourd’hui.
A quoi ce succès est-il dû ? à l’habileté des intrigues ? à un univers imaginaire (un monde de grottes et de lacs, de demeures maudites, de signaux secrets…) en prise sur ce lectorat préadolescent ? à l’ancrage des actions dans un espace et un temps mieux définis que celui des concurrents anglo-saxons (la région Rhône-Alpes, les années 60), à la quête de la justice et la mise en exergue de valeurs humanistes ? au choix de personnages socialement proches des jeunes lecteurs ? au mélange des genres et à l’héritage assumé du mélodrame ?
Le présent colloque voudrait apporter un éclairage neuf sur cette série. Les communications, prenant toutes pour référence Les Six compagnons, pourront cependant étendre la réflexion au-delà de la série elle-même, à sa place dans l’œuvre de Bonzon, dans l’histoire française des années 60 et dans l’histoire de la littérature et des séries pour la jeunesse.

Axe 1

Comment parler des Six compagnons ? Aucun aspect ne sera négligé : axiologique, narratologique, thématique, sociologique, psychologique ou historique. On s’intéressera aux liens entre littérature de jeunesse et littérature populaire, aux personnages, à l’efficacité narrative, à l’image de la France des années 60 et à la géographie réelle ou imaginaire des compagnons. On s’attachera aux aspects éditoriaux (aux illustrateurs, aux continuateurs, aux rééditions). On interrogera la réception des livres de la série auprès des lecteurs d’hier et d’aujourd’hui, en particulier dans le contexte scolaire.

Axe 2

Mais les Six compagnons occupent une place particulière dans l’œuvre et la vie de Paul-Jacques Bonzon. Sans être spécifiquement biographiques d’autres interventions pourront interroger la figure spécifique de l’écrivain-instituteur à travers l’œuvre assez variée de Paul-­Jacques Bonzon. Les compagnons apparaissent après plusieurs ouvrages romanesques dont certains ont connu un réel succès. Et parallèlement à ces récits d’aventure, Bonzon écrit plusieurs romans scolaires. La figure de l’écrivain instituteur paraît être un bon point de départ pour interroger les relations entre éducation, divertissement et littérature de jeunesse.

Axe 3

Les années 60 voient naitre un grand nombre de séries entre aventure et récit à énigme, entre enfance et adolescence, de la rose à la verte (outre les séries d’Enid Blyton, on lit Alice, Michel, Fantômette, Langelot, Bob Morane…). La littérature de jeunesse, bénéficiant de l’essor des trente glorieuses, connaît un premier essor qui préfigure le développement ultérieur et sans doute la plus grande diversification de la décennie suivante. Le troisième axe sera constitué par des communications qui porteront sur la place des Six compagnons dans la production contemporaine, interrogera l’émergence d’un genre et sa postérité.