Les fondements d’une autre modernité. Les philosophies alternatives du XVIIe s.
Organisé par :
Delphine Antoine-Mahut, Pierre Girard, Gianni Paganini et Susana Seguin
L’historiographie dominante envisage le XVIIe siècle philosophique comme une gigantomachie opposant deux clans. D’une part, les métaphysiciens “cartésiens” et “rationalistes,” d’autre part ceux qui envisagent la métaphysique dans le prolongement de la physique et défendent une conception empiriste ou matérialiste de l’esprit humain.
Or la caducité de ces oppositions, largement héritées de Descartes lui-même, est au cœur de l’agenda de la recherche en histoire de la philosophie moderne. Il existe en effet des philosophes à la fois anti-cartésiens et anti-aristotéliciens (Gassendi et Hobbes) ; des cartésiens empiristes (Regius, Desgabets ou Régis) ; des anti-cartésiens qui sont platoniciens (More, Cudworth) ; ou bien encore, des anti-cartésiens qui ouvrent à la dimension historique et sociale (Vico). Puis il y a des auteurs clandes- tins qui font le choix de se placer en marge des grands systèmes philosophiques, par refus de l’esprit de système-lui-même (Fontenelle). Et il y aussi des femmes philosophes qui se situent de manière polémique à l’égard du patriarcalisme dominant.
En se focalisant sur ces philosophies alternatives, ce workshop questionne la manière coutumière de concevoir les racines de notre modernité.
The foundations of another modernity. Seventeenth century alternative philosophies
The dominant historiography presents the philosophy of the Seventeenth Century as a giant battle opposing two clans : one the one hand, the “Cartesian” and “rationalist” metaphysicians, one the other, those who see metaphysics as an extension of physics and defend an empiricist or materialist conception of the human mind.
The obsoleteness of the oppositions, largely inherited from Descartes himself, are at the heart of the research agenda in the history of modern philosophy. For there are philosophers who are at the same time anti-Cartesian and anti-Aristotelian (Gassendi and Hobbes) ; empiricist Cartesians (Regius, Desgabets, Regis) ; anti-Cartesians who are Platonists (More, Cudworth) ; or, again, anti-Cartesians opening up to the historical and social dimensions (Vico). And then there are clandestine writers who situate themselves at the margins of the great philosophical systems, rejecting the spirit of systems itself (Fontenelle) ; and also women philosophers who take a polemical stance in relation to the dominant patriarchialism.
Focusing on these alternative philosophies, this workshop questions the customary way of understanding the roots of our modernity.