Les lettres et la voix : oralités du texte littéraire
Organisation : Stéphane GOUGELMANN, Thibaut RADOMME, Delphine REGUIG (UJM Saint-Étienne, IHRIM)
Le séminaire interrogera les différentes représentations de la voix humaine (et possiblement animale) dans les textes du Moyen Âge au XIXe siècle, en articulant les approches littéraires et oratoires, mais aussi linguistiques, musicales, philosophiques, voire scientifiques, médicales et anatomiques. Il s’agira de prendre en compte la conception orale de la pratique littéraire et de mettre en évidence le rôle éventuel de la mise en voix dans l’interprétation et la transmission des textes littéraires. On s’intéressera par exemple à la pratique de la lecture à haute voix, aux enjeux de l’art de bien prononcer et à celui de la déclamation, la représentation de la voix chantée et chantante. Il sera aussi possible de réfléchir à la fois au souci d’« imiter la nature » dans toute sa richesse, visuelle mais aussi sonore, et aux enjeux sociaux du travail sur la voix et ses intonations, associé à une certaine conception de la civilité et de l’aisance corporelle dans l’art de la conversation. On pourra également s’intéresser aux modalités littéraires d’expression des passions, aux enjeux de la représentation du silence, à celle de la restitution des sons inarticulés ou des cris. Du point de vue de la performance vocale, la question de la mise en voix des textes pourra aussi être approfondie en vue d’observer les spécificités rhétoriques et énonciatives des textes littéraires voués à une pratique orale ou à la mise en scène : elle pourra enfin ouvrir la réflexion sur le cas des dictions reconstituées, historiquement informées, des textes de l’âge classique en s’appuyant sur le travail de metteurs en scène ou de spécialistes de la prononciation.
L’un des enjeux du « séminaire spécifique » annuel organisé par la section stéphanoise de l’Institut d’Histoire des Représentations et des Idées dans les Modernités sera de montrer que la pensée et la représentation de l’intime, l’intérêt même qu’on peut lui accorder fluctuent au cours du temps. L’unicité de la vie intime paraît elle-même relative, non pas seulement parce que l’hypothèse freudienne de l’inconscient met à mal l’unité du sujet, mais parce que, frotté de valeurs et d’idées communes, plongé dans la société et confronté à l’altérité, le moi, y compris le plus profond, reste, pour reprendre Montaigne, celui d’un « homme mêlé ». L’intime existe-t-il même indépendamment des mots qui le mettent en forme, des images qui l’objectivent ?
L’originalité de notre démarche résidera dans le corpus choisi : très majoritairement des œuvres à visée littéraire, où l’intime recherche sa voix singulière dans l’élaboration d’un style. L’intervalle chronologique dont relèveront nos exemples s’étendra de la Renaissance à l’aube du XXe siècle.
Ouvert à tous mais aussi à destination des étudiant.e.s de Master et Licence 3.