Séance 3. Les Révolutions de l’intime
Organisé par Stéphanie Genand, Université de Rouen – CEREDI
Jean-Marie Roulin, Université Jean Monnet – UMR IHRIM
Carnet de recherche en ligne : https://1800.hypotheses.org/
Séance 3
Cette troisième séance, organisée par Paul Kompanietz (CPGE Dijon) et Jean-Marie Roulin, engagera une nouvelle enquête sur les « Révolutions de l’intime ». Entre ce qui a naguère été décrit comme « l’invention de l’intimité », lisible jusque dans les objets et les espaces de la vie quotidienne, et un XIXe siècle marqué par le sacre de l’intime, le moment 1800 représente un tournant qui mérite à plus d’un titre d’être interrogé. De l’idéologie des Lumières, si soucieuse par ailleurs de publicité, au culte romantique de la subjectivité, la question de l’intime est d’autant plus cruciale qu’elle surgit au tournant des deux siècles sur la scène de l’Histoire, en un temps où l’hypervisibilité des intérêts publics a rendu problématique l’expression du moi le plus intérieur. De quel droit parler de soi ? Quelle peut être la place des expériences personnelles et des émois individuels en cette époque troublée ? Au cœur de la période, les événements de la Révolution puis de l’Empire ont-ils suscité un reflux de l’intime ou, comme l’attesterait plutôt la vitalité des mémoires, autobiographies et correspondances, ont-ils favorisé l’efflorescence d’une littérature de l’intime ? Comment la naissance d’un « sentiment intime » s’est-elle articulée à la notion d’espace public, qui est une autre « invention » du siècle des Lumières ? Et quel regard nouveau, si nous parlons des révolutions de l’intime, est alors posé sur les sexualités ?
Ce séminaire se veut une fédération active de chercheurs, d’enseignants et de doctorants travaillant sur la période 1780-1830. La périodisation de l’histoire littéraire française et les contraintes institutionnelles ont constitué ces cinquante années en un point aveugle. Il s’agira d’appréhender ce moment capital de la vie littéraire non comme une transition entre déclin des Lumières et invention du romantisme, mais comme des années dynamiques et fécondes, tumultueuses jusqu’à la confusion, et fertiles de ce tumulte même.
Le groupe « 1800 » se réunirait deux fois par an, dans un premier temps autour des deux grands axes qui vont structurer nos réflexions, sans être bien entendu exclusives de toutes les autres initiatives scientifiques qui naîtront au fil de nos rencontres :
– Une nouvelle histoire littéraire de la France entre 1784 et 1830, dirigée par Jean-Marie Roulin.
– Une histoire de la folie à l’âge moderne, dirigée par Stéphanie Genand.
Lieu d’échange et de réflexion, chaque séminaire donnera la parole autant aux enseignants- chercheurs qu’aux doctorants ; non pas pour présenter des communications abouties, comme dans un colloque, mais des démarches, des questionnements, des états des lieux critiques susceptibles de nourrir le débat et d’ouvrir des perspectives nouvelles. Il sera aussi l’occasion de présenter des éditions en cours, de nouveaux travaux ou des thèses. Il donnera enfin lieu à la création d’un « Carnet de recherche » sur hypotheses.org, afin de faire vivre nos réflexions sur ces questions au-delà des séances effectives qui nous réuniront. Il est donc ouvert à toutes celles et ceux qui souhaitent y participer, à toutes les propositions et initiatives.