

Maria Chiara SALVATORE « La construction du discours sur la vie : histoire, science et terminologies au tournant des XVIIIe et XIXe siècles »
Composition du jury :
Philippe SELOSSE, Université Lumière Lyon 2 (directeur de thèse)
Claudio GRIMALDI, Università degli Studi di Napoli (co-directeur de thèse)
John HUMBLEY, Université Paris Cité (rapporteur)
Alicja KACPRZAK, Uniwersytet Łódzki (rapporteure)
Francesca PISELLI, Università di Perugia (rapporteure)
Maria Teresa ZANOLA, Università Cattolica del Sacro Cuore (examinatrice)
Résumé :
Au carrefour du XVIIIe et XIXe siècle, la communauté scientifique du Muséum d’Histoire naturelle de Paris tout récemment établi se trouve, à son insu, face à deux des découvertes parmi les plus importantes de l’histoire de la science : la théorie de l’évolution et la découverte du passé de la Terre et des êtres vivants. Dans ce travail de thèse, nous faisons l’hypothèse que ce moment d’importants questionnements, découvertes et bouleversements a été à l’origine de la création de deux terminologies, respectivement en paléontologie et en biologie, l’une et l’autre très différentes mais profondément reliées à cette époque de l’histoire de la science et de la langue française. Notre recherche se concentre spécifiquement sur la question de la langue des sciences, en examinant comment elle contribue à la construction d’un discours sur la vie. Nous nous appuyons sur trois axes principaux d’analyse lexicale : - la néologie terminologique ou néonymie ; - la multi-dimensionnalité du terme taxinomique et l’analyse du lexique à l’interface entre terminologie et taxinomie ; - la charge rhétorique du lexique dans la construction d’une théorie scientifique. Dans une première partie de notre travail, nous présentons les fondements théorico-méthodologiques de notre étude, à travers un excursus historique permettant de renouer l’histoire de la langue et les études en terminologie afin de les insérer dans le cadre des études sur les lexiques scientifiques. Nous proposons ensuite plusieurs jalons essentiels pour l’analyse du lexique des sciences naturelles, en mettant particulièrement l’accent sur la relation entre science et connaissance, la valeur épistémologique des termes, et l’importance d’une approche hybride qui valorise à la fois les dimensions conceptuelles et lexicales des termes. Le deuxième chapitre présente le cadre historique et épistémologique permettant de plonger dans l’atmosphère et la mentalité ayant produit les textes sur lesquels repose, dans la deuxième partie de ce travail, notre réflexion linguistique. Le chapitre se poursuit avec l’exploration des champs épistémologiques délimités par les disciplines pour s’achever sur le rôle renouvelé de la science au début du XIXe siècle, ainsi que sur la fonction sociale du Muséum d’Histoire naturelle de Paris dans la diffusion des savoirs scientifiques. Le troisième chapitre détaille les caractéristiques du corpus ainsi que les critères méthodologiques suivis lors de la préparation et du traitement des données. Le quatrième chapitre est consacré à l’analyse qualitative des données linguistiques issues du corpus. L’étude suit et respecte le cheminement de la logique naturaliste, à partir de la création des catégories zoologiques et des moyens néologiques employés, pour descendre dans les rangs de l’échelle du vivant vers un profil combinatoire du terme « espèce », véritable pivot épistémologique et linguistique de notre thèse et de la théorie de l’évolution de l’époque analysée. Nous proposons une étude détaillée des moyens de création linguistique autour des êtres paléontologiques et des structures plus simples de l’échelle taxinomique, les noms triviaux. Dans une seconde partie du chapitre, nous esquissons brièvement la façon dont la langue que nous venons d’analyser contribue à la création d’un discours sur la vie. Nous montrons également que les concepts derrières les mots dont Lamarck et Cuvier se servent, cachent une idéologie différente qui se réalise en discours à travers la création de stratégies de la prévue différentes.
Finalement, nous nous penchons sur quelques métaphores liées aux concepts de vie, d’organisation du vivant repéré dans le corpus. Notre travail s’achève avec les perspectives et orientations futures d’étude.
Mots-clés : Terminologie diachronique, Histoire de la langue, Histoire des idées, Lamarck, Paléontologie, Muséum d’histoire naturelle de Paris