Matthias SOUBISE « Éclairer l’Amérique ? Les géographies sud-américaines et caribéennes dans la littérature et la pensée française du XVIIIe siècle »

Jury :

  • Marc André BERNIER, PR, Université du Québec à Trois-Rivières
  • Christophe MARTIN, PR, Sorbonne Université
  • Maria Susana SEGUIN, MCF HDR, Université Montpellier III-Paul Valéry. Codirectrice de thèse
  • Nathalie VUILLEMIN, PR, Université de Neuchâtel. Codirectrice de thèse
  • Anne-Gaëlle WEBER, PR, Université d’Artois

Résumé :

L’Amérique du Sud et les Caraïbes donnent lieu, au XVIIIe siècle en France, à une grande production littéraire et iconographique : récits de voyage, ouvrages de géographie, textes scientifiques, cartes, allégories et œuvres fictionnelles viennent produire un savoir et un imaginaire géographique. Si ce continent n’est pas entièrement connu, il est constamment réinventé et réinterprété par la multiplication des voyages, des textes et des images qui s’y rapportent. On sait que le siècle des Lumières est aussi le siècle des voyages, réalisés pour des motifs divers et auxquels se rajoutent les traductions des voyages étrangers et les rééditions ou compilations des voyages anciens. Cette thèse cherche à interroger la formation du savoir géographique sur l’Amérique du Sud et les Caraïbes de la fin du xviie siècle jusqu’à la veille de la Révolution française. La géographie américaine traverse la littérature et la pensée française : elle est à la fois savoir et imaginaire de l’espace. Ce travail étudie d’abord la construction textuelle de l’espace, pour comprendre la forme discursive du discours géographique, l’élaboration du savoir et ses rapports à la fiction. Les récits de voyage, par leur diversité et leur importance croissante au fil du siècle, doivent ensuite faire l’objet d’une étude spécifique. La forme que prend l’espace au sein de l’écriture viatique est complexe, puisqu’elle met en jeu une forme d’écriture du monde, de soi et des autres. La figuration de l’espace est aussi textuelle que visuelle, et les voyageurs utilisent les images et les cartes pour compléter leur récit. Enfin, l’écriture de l’espace est indissociable d’une écriture et d’une pensée de la nature, parfois sauvage et incompréhensible. La nature américaine fait l’objet d’un travail littéraire et philosophique qui permet de la saisir comme objet, afin de l’intégrer aux débats philosophiques, scientifiques et économiques du temps. Le discours géographique intègre la nature en tant que source de richesses, pouvant être exploitée et modifiée par l’action humaine.