Maxime BOUTROS-JACQUELINE « Pierre Bayle et les controverses sur le libre arbitre »

Thèse de philosophie, menée à l’ENS de Lyon dans le cadre de l’Institut d’histoire des représentations et des idées dans les modernités (IHRIM) et de l’ED 487

Thèse dirigée par M. Mogens LÆRKE (directeur de recherche CNRS ; ENS de Lyon).

Le jury, présidé par M. Antony McKENNA (Professeur des universités, Université Jean Monnet), est également composé de :
 M. Jean-Pascal ANFRAY, Maître de conférences HDR, ENS-PSL
 Mme Sylvia GIOCANTI, Professeure des universités, Université Montpellier 3 Paul-Valéry
 Mme Delphine ANTOINE-MAHUT, Professeure des universités, ENS de Lyon
 Mme Kristen IRWIN, Professeure, Loyola University Chicago.

RÉSUMÉ

À plusieurs reprises dans son œuvre, Pierre Bayle prend position, soit de sa propre initiative, soit sous la pression de ses interlocuteurs, sur les controverses philosophiques et théologiques au sujet du libre arbitre. Fil conducteur de son œuvre souvent reconduit au problème du mal, cette réflexion sur la liberté possède pourtant une certaine autonomie. Elle se constitue dans un rapport complexe au spinozisme, à l’occasionnalisme et aux querelles théologiques du milieu calviniste. Cette étude analyse comment Bayle envisage la structure et la récurrence de controverses théologiques au carrefour de la philosophie et de la religion. Elle constitue une tentative de comprendre un philosophe dont la pensée propre se dessine à partir de prises de positions sur les systèmes des autres et leur cartographie. On montrera comment le motif du libre arbitre est élaboré des premiers écrits au Dictionnaire historique et critique et se subordonne au problème du mal ; on se penchera ensuite sur la controverse entre Jacques Bernard, William King et Pierre Bayle sur les « théodicées par le libre arbitre » et la valeur de la liberté donnée aux hommes ; et surtout sur l’affrontement entre Bayle et Isaac Jaquelot, théologien arminien entendant proposer contre Bayle une conciliation de la foi et de la raison. Cette controverse, nouée autour de la réception de Spinoza et de Malebranche, sera étudiée en adoptant les perspectives croisées de ces deux protagonistes. Il s’agira de statuer sur l’accusation portée envers Bayle par Jaquelot de nier la liberté humaine et de déterminer quel rôle joue le geste fidéiste censé, dans les derniers écrits de Bayle, apporter in extremis une solution.