Piotr PLOCHARZ « Le démonstratif en latin tardif et altimédiéval : étude de la documentation notariale privée rédigée en Gaule et en Italie (7e – 10e siècles) »
Le jury est composé de :
Michel BANNIARD, professeur émérite à l’université Toulouse – Jean Jaurès et Directeur d’études émérite à l’École Pratique des Hautes Études, examinateur.
Anne CARLIER, professeure à Sorbonne Université, rapporteure.
Paolo GRECO, chercheur à l’Università di Napoli Federico II, rapporteur.
Céline GUILLOT-BARBANCE, MCF HDR à l’École Normale Supérieure de Lyon, directrice.
Maria SELIG, professeure à l’Universität Regensburg, co-directrice.
Benoît-Michel TOCK, professeur à l’université de Strasbourg, examinateur
RÉSUMÉ : (English below)
Ce travail de recherche vise à mieux nous renseigner sur le processus de filiation du latin aux langues romanes, et plus spécifiquement sur la réorganisation du système démonstratif qui a lieu à l’époque du passage du latin tardif à l’ancien français et à l’ancien italien. En bénéficiant des apports et avancées de la linguistique sociohistorique mais aussi de l’histoire socio-culturelle de l’Occident latin, cette thèse exploite les acquis du tournant numérique de la recherche en SHS en s’appuyant sur les méthodologies de la linguistique de corpus et les outils d’analyse numériques. Il explore un genre textuel jusque-là mal connu et inexploité par les linguistes, à savoir les chartes notariales. La recherche est centrée sur l’analyse pragmatico-sémantique des six formes traditionnellement considérées comme des démonstratifs, les indexicaux HIC, ISTE, ILLE, et les endophoriques IS, IDEM, IPSE. La phonétique et la morphosyntaxe des démonstratifs sont prises en compte seulement quand elles permettent de mieux saisir leurs propriétés sémantico-pragmatiques. Les analyses sont menées dans une perspective comparatiste à partir d’un corpus numérique de chartes notariales rédigée en Gaule et en Italie méridionale entre le 7e et le 10e siècle. Le corpus est exploité à l’aide du logiciel TXM, développé par l’équipe Cactus (Corpus en diachronie, textomérie et usages) au sein de l’IHRIM (UMR 5317).
Notre travail de recherche propose d’étudier les démonstratifs latins sous un nouveau jour en prenant en compte les derniers avancements des études sémantico-pragmatiques. De nombreuses recherches sur le démonstratif en tant que catégorie linguistique ont été menées durant les dernières décennies. Elles nous permettent de proposer de nouvelles explications concernant non seulement le fonctionnement des démonstratifs en synchronie mais aussi en diachronie longue. Nous disposons aujourd’hui de ce type de travaux sur l’ancien français et dans une moindre mesure sur le latin (notamment sur le latin tardif des textes hagiographiques). En l’état actuel, ce type d’études sur les périodes anciennes de l’italien semble faire défaut. En proposant une nouvelle explication du fonctionnement des démonstratifs dans la diachronie longue du latin qui s’accorde avec les propositions faites pour l’ancien français, nous espérons fournir un nouveau cadre théorique qui s’adapte à toute la diachronie du latin (du latin archaïque à l’ancien français) et qui permet de mieux articuler les enjeux de l’évolution des démonstratifs latins vers les démonstratifs romans puisque nous essayons d’y inclure les démonstratifs de l’ancien italien.
ABSTRACT :
This research project aims to further our knowledge of the processes Latin underwent to become the Romance languages of the Medieval period. More specifically, it examines the reorganisation of the demonstrative system which took place during the period where Late Latin was gradually evolving into Old French and Old Italian. This doctoral thesis builds on prior work in the field of socio-historical linguistics, and also on the socio-cultural history of the Latin West. It makes use of advances in digital technologies within the Humanities and Social Sciences, notably digital analysis techniques and methodology from the field of Corpus Linguistics. This research explores a little-known and under-researched type of text – Notarial Charters. It focuses on the pragmatico-semantic analysis of 6 word forms that have traditionally been considered demonstratives – the indexical expressions HIC, ISTE and ILLE, and the endophoric expressions IS, IDEM and IPSE. Phonetic and morpho-syntactic aspects of these demonstratives are considered where this allows for a better understanding of the demonstratives pragmatic-semantic properties. A digitised corpus of notarial charters from 7th-10th century Gaul and Southern Italy are analysed using a comparative approach, aided by the text analysis software TXM, developed by the CACTUS team (Corpus en diachronie, textométrie et usages), part of the research group IHRIM (UMR 5317).
Our research offers a new perspective on the analysis of Latin demonstratives that takes into account the latest advances in the field of pragmatic-semantics. Numerous studies on demonstratives as a linguistic category have been carried out in recent decades, allowing us to propose new theories concerning not only the function of demonstratives synchronically, but also diachronically. Currently, this type of study is available for Old French and, to a lesser extent, Latin, especially the Late Latin found in hagiographical texts. At this time, studies of this type on Old Italian seem to be lacking. By offering a new theory on the function of Latin demonstratives with a diachronic perspective, which aligns well with similar work on Old French, we hope to provide a new theoretical framework which can be adapted for all forms of Latin across time, from Archaic Latin to Old French. The inclusion of Old Italian demonstratives in this study allows for a more complete picture of the evolution of Latin demonstratives into the demonstratives of Medieval Romance languages