« Presse et genre » au sein du cycle « Presse et représentations dans le monde hispanique contemporain » (2018-2021)
Organisé par Evelyne Coutel, Jules Sorbac (Université de Toulon)
Description, résumé
Dans la lignée de l’histoire culturelle, des sciences de l’information et de la communication et des initiatives visant à développer la recherche sur la presse, la proposition scientifique de ce cycle de journées d’études, entamé en 2018, est de porter un regard global sur les représentations que la presse contribue à construire dans le monde hispanique à différents niveaux, en l’envisageant comme un objet d’étude à part entière et en prêtant attention aux stratégies et à la rhétorique mises en œuvre selon les cas pour produire un effet spécifique, imposer une idée ou exercer une influence à l’échelle d’un lectorat et d’une société.
Si la première journée s’interrogeait sur le rôle joué par la presse dans la construction du sens des œuvres littéraires et artistiques ainsi que dans l’orientation de leur réception par les lecteurs (« Presse, arts et littérature », ENS Lyon, 14 septembre 2018), cette deuxième journée se focalise sur la complexité des interactions entre « Presse et genre » et propose plusieurs pistes de réflexion. De quelles façons la presse hispanique – généraliste et spécialisée – intervient-elle dans la mise en scène des stéréotypes et des comportements normatifs définis en fonction du sexe biologique ? Se contente-t-elle de perpétuer les valeurs et les codes socioculturels hégémoniques, cherche-t-elle à les consolider, ou incite-t-elle ses lecteurs à jouer avec les frontières entre le masculin et le féminin, voire à les subvertir ? Y a-t-il une place, dans des sociétés fortement hétéro-patriarcales, pour l’expression de différents modèles de masculinité et de féminité dans la presse ? Dans quelle mesure et sous quelles conditions un discours transcendant les oppositions binaires et proposant une approche renouvelée des genres voit-il le jour ?
Ces questions résonnent au cœur de l’actualité alors que la presse hispanophone accorde de plus en plus d’importance à la violence de genre – pensons au scandale récent autour de « la Manada » en Espagne ou aux articles alertant l’opinion publique face à l’ampleur des féminicides en Amérique latine – et se passionne pour les tenants et les aboutissants de la journée du 8 mars, baptisée « Journée internationale des droits des femmes » ou, plus simplement, « Journée internationale de la femme ».
Comme le signale l’historienne Joan Scott, le genre « ne peut demeurer utile que s’il [...] est pris comme une invitation à réfléchir sur un mode critique à la manière dont les significations des corps sexués sont produites en relation les unes avec les autres, à s’interroger sur la manière dont ces significations se déploient et se modifient. Il ne faudrait pas se concentrer sur les rôles assignés aux hommes et aux femmes mais sur la construction de la différence sexuelle elle-même » (« Le genre : une catégorie d’analyse toujours utile », Diogène, 2009/1, n° 225, p. 9). La volonté d’interroger la démarche et le rôle de la presse vis-à-vis du genre s’intègre pleinement dans cette approche qui envisage le genre comme un processus en construction et en évolution permanentes.
La journée d’études est ouverte aux étudiants et au public qui sont invités à participer aux discussions. Les deux langues de la journée seront le français et l’espagnol.