Raymond Massé (Université Laval) « Les contributions de l’anthropologie à la morale et à l’éthique »


Professeur invité au Labex Constitution de la Modernité

Présentation de Pierre-François Moreau


Tout au long du XXe siècle, l’anthropologie s’est consacrée, recherches empiriques de terrain à l’appui, à démontrer l’universalité des compétences morales et éthiques de l’Homme à travers la diversité des cultures. Deux orientations, en apparence divergentes, se sont confrontées. Les tenants d’un relativisme culturel et moral ont soutenu que les normes morales d’un groupe donné, à une époque donnée, n’ont de sens que dans le cadre de la socio-culture qui les a engendrés. Tout jugement « extérieur » sur ces normes et sur les valeurs qui les sous-tendent confinerait à l’impérialisme moral. Les tenants d’un universalisme moral ont, pour leur part, tenté d’identifier un socle commun de normes et de valeurs morales qui seraient partagées par tous et qui pourraient servir de fondement à une éthique universelle. L’anthropologie de l’éthique tentent aujourd’hui de transcender les versions radicales de l’une et l’autre de ces approches. Au-delà des comparaisons transculturelles des normes et valeurs, l’attention se concentre désormais sur la comparaison des formes que prennent les processus d’agentivité, de réflexivité et de problématisation universellement partagées par le sujet éthique et ce, tout au long de sa carrière morale. La présente conférence s’attardera alors aux complexes interactions découlant des rapports entre liberté et soumission aux normes ainsi qu’aux conditions, sociales et politiques, d’expression de la compétence éthique. Les débats sur les conditions et les limites de la tolérance s’en trouvent renouvelés.

Raymond Massé, Anthropologue, Université Laval, Québec.