Récits en image de soi : dispositifs (du Moyen Age à nos jours)

Contacts :
Aurélie Barre, Delphine Gleizes, Olivier Leplatre

Organisateurs :
Aurélie Barre (Université Jean Moulin- Lyon 3, CIHAM)
Delphine Gleizes (Université Lumière – Lyon 2, IHRIM)
Olivier Leplatre (Université Jean Moulin- Lyon 3, IHRIM)
Philippe Maupeu (Université Toulouse Jean Jaurès, PHL)

Ce colloque s’inscrit dans un programme de recherche qui a déjà donné lieu à plusieurs manifestations. Lors de journées organisées à l’Université de Toulouse-Jean Jaurès du 17 au 19 novembre 2016, la réflexion a porté sur les conditions, les enjeux et les modalités de l’autobiographie en images dans notre société contemporaine tout entière placée sous l’empire de la visibilité. On a voulu observer les relations privilégiées que l’image (peinte, graphique, photographique, filmique) entretient aujourd’hui avec l’écriture de soi, comme l’atteste le succès de l’autobiographie photo-illustrée, des blogs et des journaux personnels en ligne, ou encore de la BD autobiographique. Contre l’assignation hégémonique à la transparence, ces pratiques hétérogènes qui croisent les systèmes sémiotiques, les médiums et les genres, semblent moins viser à élucider le sujet qu’à lui restituer sa part essentielle d’altérité. Elles amènent en outre à reconsidérer le modèle narratif linéaire et « monodique » de l’écriture autobiographique et à la situer dans les cadres discursifs et éthiques naguère théorisés par Philippe Lejeune, dont on a pu se demander dans quelle mesure ils restaient aujourd’hui encore opératoires.
Nous souhaiterions poursuivre ces premières pistes en élargissant davantage l’empan chronologique, jusqu’à la période médiévale au moins, de façon à remonter à des pratiques et à des émergences plus anciennes et ainsi examiner l’historicité du récit en image de soi. A cette fin, la notion de dispositif, appréhendée comme « matrice d’interactions potentielles » (Ph. Ortel), permettrait d’envisager plus largement la diversité des supports autobiographiques et de sonder les formes ou montages qu’ils accueillent, perçus autant comme des opérations d’élucidation que comme des régimes d’opacification de soi. Loin d’assurer un ordonnancement homogène de la signification, le dispositif met en jeu l’indétermination de la réalité ; il témoigne, par la variabilité féconde de ses performances, de l’incertitude des territoires intimes et il dégage des espaces d’inventions aléatoires, à la lisière ou en dehors des systèmes normés.


Sources des visuels : Jean Arnaud, SIDERATION – Narcisse, Méduse & Cie, 01 & 03, 2018, impression digitale sur panneau composite aluminium miroir, Ø 85 cm. © Jean Arnaud • Michel Butor, Passage, collage • Raymond Depardon, Autoportrait • Hélène Delprat, œuvres du site http://www.helenedelprat.com • Christian Dotremont, C’écrit c’est écrit mais ça n’était pas écrit, logogramme, 1975 • Victor Hugo, manuscrit n.a.f. 13345, f° 28, ca. 1864, BNF ; Souvenir, Maison Victor Hugo, ca. 1864 • Paul Klee, Einst dem Grau der Nacht enttaucht …, 1918 • Li romanz de la poire, XIIIe siècle, f° 10V° et f° 79R°, BNF • Nadar, Autoportrait, ca. 1865 • « Narcissus jonquilla L. (Amaryllidaceae) ». F. Rozier, Herbier manuscrit, T. 6. Collection Bibliothèque municipale de Lyon, Rés 28248 • Stendhal, manuscrit, coll. part • Paul Valéry, CCCIV Cahier 98. « U », f° 53v, 1922, BNF.