Stéphane VATAI « Hymnes nationaux des pays de l’ex-Empire français en Afrique : influence du processus de décolonisation sur leur naissance, leur composition littéraire et musicale, et leur diffusion »

Composition du jury :

Anaïs FLÉCHET, professeure d’Histoire contemporaine, Université de Strasbourg.
Martin GUERPIN, maître de conférences HDR en musicologie, Université Paris-Saclay
Esteban BUCH, professeur de musicologie, EHESS
Céline PAUTHIER, maîtresse de conférences en Histoire contemporaine, Université de Nantes
Emmanuel REIBEL, professeur de musicologie, École normale supérieure de Lyon (directeur de thèse)

Résumé :

Les hymnes nationaux africains, nés tout au long du XXe siècle (entre 1914 et 1997), représentent, aux côtés des autres symboles nationaux (drapeau, devise, armoiries), un jalon majeur dans le lent et complexe processus de décolonisation des pays longtemps demeurés sous tutelle des grandes puissances européennes. Ces hymnes nationaux récents, héritiers des grands hymnes fondateurs du genre (La Marseillaise, God save the Queen, Gott erhalte den kaiser) ont été relativement peu étudiés par rapport à leurs aînés, délaissés tout autant par la communauté scientifique francophone que par la musicologie en général, car souvent considérés comme des œuvres mineures, fonctionnelles et remplaçables, écrites la plupart du temps dans l’urgence des indépendances, par des anonymes que l’histoire a tardé à ériger au rang de héros nationaux. Le présent travail de recherche entend pallier le manque d’étude sur le sujet, en abordant un corpus particulier de vingt hymnes, ceux des pays de l’ex-Empire français en Afrique, répartis sur plusieurs zones géographiques (AOF, AEF, Afrique du Nord, territoires isolés). Actualisant les données contextuelles rares, éparses, parfois contradictoires, disponibles sur ces hymnes, cette étude se fonde sur une approche multiple : musicologique (analyse des manuscrits, versions éditoriales et enregistrements sonores des hymnes), sociologique (étude du pouvoir fédérateur des musiques de circonstances et du cérémonial de la nation), historique et géopolitique (processus général de la décolonisation, contexte d’inter-influence à l’échelle mondiale et nationale, particularisme du rapport entretenu avec l’ex-puissance coloniale), et adopte une méthodologie faisant appel aux ressources croisées de l’analyse statistique (tendances significatives, proportions) et comparative (corpus secondaire d’hymnes non francophones ou non africains). Ainsi, trois champs de questionnement sont tour à tour examinés : les circonstances générales de leur genèse (statut constitutionnel des hymnes, modalités de création et d’adoption, profils des auteurs et compositeurs, rôle de l’exécutif) leur composition littéraire et musicale (langue employée, structure littéraire, temporalité et références textuelles, langage musical, arrangement, orchestration) et enfin leur diffusion au lendemain des indépendances (media radiophoniques et télévisuels, événements fédérateurs). L’ensemble entend, in fine, proposer des éléments d’analyse des phénomènes conjoints d’émancipation par rapport au modèle européen (hymnes modifiés, remplacés, hymnes de cœur) et d’appropriation/de réappropriation identitaire, par les populations africaines, des hymnes des indépendances au sein du concept nouveau et complexe de nation.

Mots-clés : Hymnes nationaux, Afrique, Décolonisation, Influence, Identité, Langage musical