Sylvia GIOCANTI « Scepticisme et philosophie » (HDR)

Le jury sera composé de :
Pierre-François Moreau (ENS de Lyon, garant),
Frédéric Brahami (EHESS, Paris),
Fabienne Brugère (Université de Paris 8),
Jean-Pierre Cavaillé (EHESS, Paris),
Nicola Panichi (ENS de Pise),
Didier Ottaviani (ENS de Lyon).

Résumé :

Tout en étant reconnu comme un courant philosophique, le scepticisme est souvent présenté comme ce qui vient perturber l’orthodoxie des philosophies bien installées, en les mettant en crise. La philosophie ne pourrait être saine qu’après avoir écarté cette figure « repoussoir » qui la menace. Contre cette thèse selon laquelle la philosophie ne peut pas s’accomplir dans le doute, mais seulement dans les connaissances ou les croyances, il s’agit de montrer qu’au sein même de l’incertitude, le scepticisme philosophique promeut une nouvelle conception de la rationalité discursive, du désir de vivre ensemble et d’explorer le réel, irréductible aussi bien à la maîtrise conceptuelle de ce dernier, qu’à un désengagement à l’égard du monde. Ainsi, dans l’inédit Scepticisme et inquiétude (365 p.), le scepticisme des Anciens et des Modernes est examiné dans ses réélaborations successives, comme pouvant être pratiqué pour lui-même, tout en apportant une quiétude enjouée, ou au moins des procédés de consolation, non pas en dépit mais grâce à l’instabilité insurmontable de la pensée. Depuis les Essais de Montaigne, où il est repensé d’un point de vue anthropologique et esthétique, le scepticisme est décelable à divers titres dans certains textes d’auteurs non sceptiques (Descartes, Pascal, Fontenelle, Hume, Kant, Emerson, Nietzsche, H. Blumenberg, Cl. Rosset, C. Ginzburg, S. Cavell). C’est pourquoi le mémoire de synthèse (Scepticisme et philosophie », 134 p.) qui accompagne le recueil d’articles (679 p.) esquisse une théorie de la présence du scepticisme en philosophie, à titre de dimension interne inaperçue qui la configure d’une manière dynamique et féconde.