Tamara EBLE « Regards sur le cinéma expressionniste, regards du cinéma expressionniste : Esthétique et réception par la critique de cinéma allemande de Weimar »
Le jury est composé de :
Mme Valérie CARRÉ, professeure des Universités, Université Paris-Sorbonne, Rapporteure
M. François GENTON, professeur des Universités, Université Grenoble Alpes, Rapporteur
M. Frank KESSLER, professeur des Universités, Université d’Utrecht, Examinateur
M. Matthias STEINLE, maître de conférences, Université Sorbonne Nouvelle Paris 3, Examinateur
Mme Anne LAGNY, professeure des Universités, ENS de Lyon, Directrice de thèse
M. Marc CERISUELO, professeur des Universités, Université Paris-Est-Marne-la-Vallée, Co-directeur de thèse
Résumé
Fondée sur un corpus de huit films allemands réalisés entre 1919 et 1924 (Das Cabinet des Dr. Caligari, Genuine et Raskolnikow de Robert Wiene, Algol de Hans Werckmeister, Von morgens bis mitternachts et Das Haus zum Mond de Karlheinz Martin, Torgus/Verlogene Moral de Hanns Kobe et Das Wachsfigurenkabinett de Paul Leni), cette étude porte sur l’esthétique et la réception du cinéma expressionniste, dont l’étiquette fait aujourd’hui encore l’objet de confusions. Pour identifier des traits constitutifs de son esthétique, trois axes sont envisagés : la réception critique, l’esthétique fantastique et la réflexivité.
Le retour à la première phase de la réception repose sur un corpus de 225 documents d’archives majoritairement inédits, principalement extraits des trois revues de cinéma qui font alors autorité : Der Kinematograph, Lichtbild-Bühne et Film-Kurier. Le recours aux critiques et aux premières théories esthétiques qui précédent les célèbres ouvrages de Siegfried Kracauer et de Lotte Eisner permet d’appréhender l’horizon d’attente de la critique. Dans le contexte du débat sur la valeur artistique du cinéma, l’expressionnisme est perçu comme l’avènement d’un art du cinéma, caractérisé par la volonté des créateurs de faire &oel ig ;uvre d’art, qui s’exprime par l’unité stylistique, la conception des décors et l’opposition au naturalisme. La réception se fait aussi au prisme du fantastique et témoigne à la fois de l’héritage du romantisme et de l’importance du renouveau du fantastique au début du XXe siècle. L’enjeu de l’analyse filmique proposée est de dégager en quoi la tension entre les deux pôles du fantastique est constitutive d’une esthétique des frontières, à l’origine de la structure narrative, de la configuration de l’espace et d’une réflexion ontologique. Enfin, ambition artistique et fantastique se rejoignent dans l’esthétique d’un cinéma qui se prend lui-même pour objet. En étudiant la fonction des instruments d’optique et en recourant à la notion d’écran second, élaborée dans le cadre de l’énonciation cinématographique, l’ana lyse ide ntifie des formes de mise en scène du regard et de l’expérience cinématographique, dans leur rapport au désir.