L’actualité de la Politique de Johannes Althusius
Organisation : André CHARRAK (Université Paris I), Pierre-François MOREAU (ENS de Lyon, IHRIM) et Gaëlle DEMELEMESTRE (ENS de Lyon, IHRIM)
La Politique (1614) de Johannes Althusius occupe une place singulière dans la pensée politique. Ignorée jusqu’à la publication en 1880 par Otto von Gierke de son ouvrage Johannes Althusius und die Entwicklung der naturrechtlichen Staatstheorien, elle figure aujourd’hui parmi les classiques d’une voie alternative dans une modernité dominée par le théorème de l’Etat souverain. En 1932, Carl J. Friedrich établit et publie l’édition moderne du texte, suivie en 1964 de la parution de sa traduction anglaise partielle par Frederick Carney. Les travaux menés depuis les années 1970 par la Althusius – Gesellschaft ont depuis lors largement contribué au renouveau historiographique des études sur la pensée althusienne. Dans leur sillage paraît en 2003 la traduction partielle de l’ouvrage en langue allemande éditée par Dieter Wyduckel, puis, en 2009, l’édition critique du texte latin et sa traduction italienne intégrale dirigée par Corrado Malandrino. La traduction française de Gaëlle Demelemestre vient de paraître à son tour.
Ces parutions traduisent le profond intérêt de la pensée althusienne pour les théoriciens contemporains. On trouve trace de sa fécondité dans des théories aussi diverses que celle du fédéralisme intégral défendue par Daniel Elazar ou celle de la consociation élaborée par Arend Lijphart. La doctrine juridique et politique d’Althusius est aujourd’hui incontournable pour les études consacrées au renouvellement de la pensée juridique dans la modernité ou à l’interférence entre la théorie et les événements historiques, comme l’illustrent les travaux de John JR. Witte ou de Ernst Kossmann.
La parution de la traduction française de l’ouvrage invite le lectorat français à enrichir ces multiples travaux. L’objectif du présent colloque est de stimuler sa lecture par la présentation de différentes pistes d’interprétation nourrissant la pensée contemporaine. Sans négliger les questions des sources, du contexte intellectuel et politique d’origine, de l’architecture interne de l’œuvre, de l’histoire de la réception, on insistera sur des problèmes tels que : autorité et souveraineté, fédéralisme et droit naturel, guerre et paix intérieures et extérieures, État et religions, contrôle des pouvoirs et droit de résistance. On s’interrogera sur l’impact de la problématique de la consociation dans les champs actuels de la philosophie, du droit, de la politique et des sciences humaines.