“Les faits parlent.” Récits de choses et objectivité (XVIIIe-XIXe siècles)

Organisation : Lucien DERAINNE (IHRIM-Saint-Étienne)

« Les faits parlent d’eux-mêmes », dit-on souvent en science. C’est l’un des présupposés de l’objectivité scientifique, mise en place entre le XVIIIe et le XIXe siècle, que les savants doivent s’effacer devant la parole claire et univoque des choses. Durant ces mêmes décennies, pourtant, la littérature fit parler les faits d’une tout autre façon, que ce soit en représentant des objets-acteurs, en questionnant le processus d’objectification, ou en confiant l’énonciation à des « objets » de la science – phénomènes naturels, biens manufacturés, plantes, animaux...
Tout en faisant le point sur ces textes littéraires que les études anglo-saxonnes réunissent sous la catégorie d’it-narratives mais qui ont peu été étudiés de manière unifiée dans le domaine francophone, ce colloque interrogera leur rapport aux discours scientifiques contemporains. La littérature révèle-t-elle les angles morts de l’objectivité scientifique en démontrant, comme le voulait Gaston Bachelard, que « l’objet ne saurait être désigné comme un “objectif” immédiat ; autrement dit, [qu’]une marche vers l’objet n’est pas initialement objective » ? Ou ces corpus nous invitent-ils plutôt à élargir notre conception habituelle de l’objectivité scientifique pour concevoir ce que serait une « objectivité littéraire » ?