Genre et pouvoir(s) : histoire des féminismes, normes linguistiques, sexualités
Les travaux inscrits dans cette perspective théorique se réclament des études de genre, en tant qu’elles questionnent les normes, les catégories et les stéréotypes attachés aux manifestations des rapports sociaux de sexe. Ils montrent comment des hiérarchies s’instaurent, se déplacent et s’imbriquent, selon des processus historiques dont la langue garde trace, et dont rendent compte des œuvres relevant aussi bien du pamphlet que du traité savant, du roman que du récit de voyage ou de l’échange épistolaire. Abordés dans une perspective pluridisciplinaire (philosophie, littérature, arts, médecine, droit, sociologie, anthropologie) et transnationale, ces corpus engagent à considérer les représentations et les idées de manière relationnelle, en intégrant les processus de production, réception, diffusion et inscription dans les histoires littéraires aussi bien que les enjeux linguistiques, stylistiques et poétiques. Féminités/Masculinités et sexualités sont ainsi envisagées à distance du binarisme induit par les catégories existantes (homme/femme ; hétérosexuel.le/homosexuel.le), dans ces interstices auxquels Balzac s’intéresse déjà lorsqu’il écrit que la pension Vauquer est ouverte aux « deux sexes et autres ». En pointant l’intrication complexe des hiérarchies de « sexe », de « race » et de « classe », les lectures postcoloniales, décoloniales et intersectionnelles, féministes, gay et lesbiennes, etc., enrichissent l’étude de configurations trop souvent réduites à une opposition entre le centre et la périphérie, la norme et ses marges.