Quinzo confiné « Choisir entre la peste et le choléra… »

Extraits des Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand en lien avec les recherches de Jean-Marie ROULIN sur cet auteur.

Dans ses Mémoires, Chateaubriand raconte plusieurs épisodes de pestes qui se sont produites entre le 5e et 18e siècles et parle ensuite du choléra. On ne peut s’empêcher de rattacher certains passages avec ce que nous vivons actuellement…

La peste

(lettre datée du 12 avril 1832)

À l’époque de la peste d’Athènes, l’an 431 avant notre ère, vingt-deux grandes pestes avaient déjà ravagé le monde. Les Athéniens se figurèrent qu’on avait empoisonné leurs puits ; imagination populaire renouvelée dans toutes les contagions. (p. 480)

La peste noire du XIVe siècle, connue sous le nom de la mort noire, prit naissance à la Chine : on s’imaginait qu’elle courait sous la forme d’une vapeur de feu en répandant une odeur infecte. (p. 481)

Les portes de la ville et les fenêtres des maisons furent fermées. Au milieu du silence général, on entendait quelquefois une fenêtre s’ouvrir […]. De ces avenues […], on passait à des carrefours dont les pavés étaient couverts de malades et de mourants étendus sur des matelas et abandonnés sans secours. (p. 482)

Le choléra

Le choléra, sorti du Delta du Gange en 1817, s’est propagé dans un espace de deux mille deux cents lieues, du nord au sud, et de trois mille cinq cents de l’orient à l’occident ; il a désolé quatorze cents villes, moissonné quarante millions d’individus. (p. 484)

[…] le choléra nous est arrivé dans un siècle de philanthropie, d’incrédulité, de journaux, d’administration matérielle. Ce fléau […] s’est promené d’un air moqueur, à la clarté du jour, dans un monde tout neuf, accompagné de son bulletin, qui racontait les remèdes qu’on avait employés contre lui, le nombre des victimes qu’il avait faites, où il en était, l’espoir qu’on avait de le voir encore finir, les précautions qu’on devait prendre pour se mettre à l’abri, ce qu’il fallait manger, comment il était bon de se vêtir. Et chacun continuait de vaquer à ses affaires, et les salles de spectacle étaient pleines. (p. 486)

Source : François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, 4e partie, livre Ier, Paris, Garnier, 1910, tome V, p. 480-486.

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